Lettre 29 - 2/1/2005


Messe anniversaire en mémoire de Madeleine FRAPIER



L’année 2004 a été marquée par deux grandes catastrophes naturelles, le tremblement de terre de Bam en Iran faisant plus de 30 000 victimes et le tsunami de l’Océan indien avec un bilan cinq fois plus lourd encore. Entre les deux, un enchainement quasi-permanent de violences d’hommes à hommes, chaque acte faisant des dizaines voire des centaines de morts, de blessés, de survivants criant vengeance. Des catastrophes naturelles ou des violences humaines, lesquelles sont les plus douloureuses, les plus atroces, les plus révoltantes ? La deuxième guerre mondiale a fait 50 millions de victimes, rien qu’en Europe, bilan de loin plus lourd que les plus gigantesques catastrophes naturelles qui aient jamais frappé l’humanité et le seul feu nucléaire jusqu’à présent déclenché par l’homme a fait autant de morts en deux journées que le tsunami  du 26 décembre. Plus récemment le génocide au Ruanda fut infiniment plus meurtrier.

La colère contre Dieu que la catastrophe récente a suscitée chez de nombreux croyants et incroyants (qui manifestent par là même une forme innée de croyance) est normale : notre foi est durement mise à l’épreuve par de tels cataclysmes et leur cortège de morts et de malheurs. Comment le Très Miséricordieux peut-il permettre tant de souffrances ? La seule réponse qui vaille est celle qui vient du cœur : l’immense effort d’entr’aide et de solidarité déployé à l’échelle mondiale pour soigner et secourir les blessés et les sans-abris, consoler et apporter une aide matérielle aux  survivants, reconstruire et reconstituer des moyens d’existence détruits. Si l’homme a été créé à l’image de Dieu, c’est pour aimer et secourir son prochain en toute circonstance, y compris quand les lois de la nature, en suivant leur cours, déchainent les éléments contre les humains : tremblements de terre, raz de marée, éruptions volcaniques, cyclones…

La réponse généreuse de tant de citoyens du monde à la récente catastrophe témoigne du profond esprit de fraternité de nos proches, enfants de la même race, nés du même Père. Nous devons veiller à ce que cet effort de solidarité se maintienne et s’amplifie au long des semaines et des mois qui viennent tant il reste d’actes à accomplir pour soulager les populations et réparer les destructions massives de leurs biens dans des régions déjà peu fortunées.

Peut-on espérer que cet immense effort de solidarité face à une catastrophe naturelle se propage tel une lame de fond en un immense effort collectif pour surmonter les violences entre les hommes dans les régions dévastées par les guerres et les conflits – Irak, Israel-Palestine, Tchétchénie, Darfour, Kashmir, Congo, Côte d’Ivoire…? Ces violences sont infiniment plus meurtrières que les catastrophes naturelles et, contrairement à ces dernières, sèment le ressentiment et le désir de vengeance parmi les survivants, nourrissant des cycles à répétition de haine et de sang versé. Là où il devrait y avoir fraternité et accueil – comme lors d’un désastre naturel – il n’y a que la crainte ou le mépris et le rejet. Le terrorisme entretient ces sentiments pour mieux dresser frère contre frère, en invoquant la religion (fidèles contre infidèles) ou l’ethnie, comme il n’y a guère les nazis invoquaient la race (les aryens contre les sous-hommes, juifs, slaves, gitans…). Le vocabulaire a pu changer, les motivations et les méthodes sont les mêmes : enseigner la haine de l’autre pour le détruire.

La lutte contre ce terrorisme-là, non étatique, ne se mène pas en utilisant les mêmes armes que lui : le non-respect de l’état de droit (la détention illimitée sans procès) qui équivaut à la prise d’otages ; les bombardements pour répondre aux attaques-suicides ;  un enseignement du mépris et une culture de la peur de l’attentat pour répondre aux messages de haine distillés par les chaines fondamentalistes.

Il faut au contraire approfondir notre connaissance de cette grande communauté musulmane des croyants, si étendue de par le monde et si diverse et qui partage la même foi monothéiste que les deux autres peuples du Livre et le même respect des valeurs humaines de solidarité et d’entr-aide face à la diversité. Le signe fort sur le pourtour de l’Océan indien de la Croix Rouge et du Croissant Rouge apportant ensemble aide et secours aux victimes illustrait la communauté de valeurs que partagent  les croyants.

Face au terrorisme non-étatique et aux violences qu’il engendre c’est une réplique analogue qui doit s’organiser : celle d’une communauté qui croit à la solidarité qui fonde l’espèce humaine ; qui refuse la vengeance comme solution aux injustices mais qui s’efforce de réprimer l’injustice ; qui négocie des accords de paix, même imparfaits, plutôt que de poursuivre des conflits sans issue ; qui croit que la confiance entre les peuples est possible à condition de la construire patiemment et avec ténacité à travers des accords de coopération économique, comme l’Europe a su s’y atteler après la deuxième guerre mondiale et combien d’autres conflits sur son sol depuis mille ans ; qui est convaincue enfin qu’il faut  connaître et apprécier l’autre dans toute sa richesse et sa diversité,  plutôt que de l’ignorer, le craindre et le mépriser dans un esprit de suffisance ou de supériorité.

La mission d’Artisans de Paix est d’œuvrer dans le sens de cette meilleure connaissance et reconnaissance de l’autre, entre chacune de nos trois souches issues de la même racine, en y associant les autres grandes familles spirituelles de l’humanité.

Nous vous proposons de commencer l’année 2005 par une messe en souvenir de la Fondatrice de notre Association, Madeleine FRAPIER, le :

Mercredi 26 janvier à 18h.00 en l’Eglise Saint Sulpice (crypte du Rosaire) 75006 Paris. Métro : Saint Sulpice. 

Célébrant : Mgr Charles MOLETTE.

Le programme de l’année sera diffusé après cette cérémonie.

Edmond LISLE, Président


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