Lettre 34 - 1/4/2006


Une nation divisée, une jeunesse désorientée



Aujourd’hui, ce n’est pas une catastrophe naturelle ou un conflit meurtrier dans un autre pays qui nous touche mais une crise grave qui atteint chacun d’entre nous en France. Le regard et les commentaires de nos voisins étrangers nous révèlent qui nous sommes pour autrui et ce diagnostic sans complaisance devrait nous pousser à nous ressaisir. Nous offrons à nos voisins, les plus proches comme les plus lointains, l’image de deux France. L’une, représentée par tous ces chefs d’entreprises grandes et petites, qui affrontent la concurrence mondiale, travaillent, innovent, exportent, investissent à l’étrange et qui gagnent, et par ces scientifiques, ces musiciens, écrivains, architectes, médecins (sans frontières), cinéastes et athlètes…, qui font rayonner la science, la technologie, la culture, le sport et la pensée françaises dans le monde . Et puis il y a l’autre France qui manifeste, fait grêve, craint la mondialisation, se replie sur elle-même, réclame la sécurité et le protectionnisme, refuse les réformes qui nous soulageraient d’une fiscalité écrasante, amélioreraient le marché de l’emploi et notre système éducatif si inéquitable et inefficace, tourne le dos à l’Europe, notre patrie commune et notre avenir.

Nos voisins s’inquiètent de cette schizophrénie qui affaiblit notre pays et réduit son influence en Europe et dans le monde. S’ils admirent nos concitoyens entreprenants qui donnent à la France une place très supérieure à celle de son seul poids démographique et économique, ils critiquent nos hommes politiques de tous bords, incapables d’entrainer le pays dans les voies d’avenir et de proposer à sa jeunesse un projet et une ambition à la hauteur de ses espérances.

Nos voisins soulignent aussi le paradoxe d’un pays qui se proclame “laïc” et dont le comportement des dirigeants de droite comme de gauche a tout du fondamentalisme des religieux qu’ils récusent: le champ politique est celui de l’affrontement entre “vérités” absolues, non le compromis et le marchandage. L’un conçoit et propose un projet de loi sans aucune consultation ni concertation préalables; les autres déposent un ultimatum exigeant son retrait avant tout débat.

Chacun veut faire perdre la face à l’autre. Nos sommes en pleine guerre de religions, dans la tradition de la Révocation de l’Edit de Nantes non de celle des Lumières, bien loin d’une société acceptant la différence, le pluralisme des opinions et des croyances, le débat dans le respect de l’autre… Les grêves chez nos voisins nordiques, britanniques et allemands mobilisent autant ou plus de monde mais sont moins spectaculaires et plus efficaces. En Asie, on discute sans préalable, en évitant à l’interlocuteur de “perdre la face” car c’est en définitive un partenaire avec qui il faudra bien finir par trouver un compromis et s’entendre dans l’intérêt bien compris des deux parties.

Or nous sommes engagés dans une compétition mondiale. Nous devons nous mesurer à nos concurrents et nous efforcer, comme dans les Olympiades, de faire au moins aussi bien et si possible mieux qu’eux. Nous devons exiger de nos gouvernants qu’ils soient des “entraineurs” qui obtiennent ces résultats en nous assignant des objectifs, en nous incitant aux efforts et aux réformes qui nous donneront la forme pour les atteindre, en nous inspirant et en nous donnant la volonté de vaincre. Nous allons bientôt commémorer la sortie d’Egypte, le passage de la maison d’esclavage vers la liberté. Mais ensuite dans le Sinaï, les enfants d’Israel eurent peur d’entrer au pays de Canaan: les espions que Moïse avait envoyés pour reconnaître cette terre promise revinrent en disant “Nous ne pouvons pas marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous” (Nombres XIII, 31). La sanction devant cette lâcheté ne se fit pas attendre: ce fut quarante ans d’exil dans le désert. Les peuples qui renoncent, qui capitulent, sont condamnés. L’épisode nous enseigne aussi qu’il ne suffisait pas qu’Israel eut un dirigeant inspiré, Moïse; il fallait d’abord que tout le peuple soit uni et fasse confiance à Celui qui l’avait tiré d’Egypte.

Sortons de notre pré carré (précarité) français(e); regardons autour de nous et inspirons-nous des meilleures pratiques observées ailleurs, ce que les experts en management appellent le “benchmarking”, en français, étalonnage, d’après le “mètre étalon” de la Révolution française. Dans toutes les activités humaines et au cours de la longue évolution de l’humanité, le progrès a toujours consisté à rechercher et à adopter les meilleures normes. L’exemple des “Pères Fondateurs” de l’Europe est là pour démontrer que la génération de nos parents et grands parents a su briser le cycle infernal de nos guerres civiles et rétablir, dans le dialogue et la réconciliation, la paix et la prospérité sur notre continent. A nous, Artisans de Paix, de promouvoir cette norme de discussion et de dialogue; de poursuivre la construction de cet espace européen de paix et de prospérité ouvert sur le reste du monde; de démontrer enfin que la mondialisation, loin d’être une menace, est une chance exceptionnelle d’enrichissement spirituel, culturel et matériel pour toute l’humanité.

 

Edmond LISLE Président


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