Lettre 35 - 1/7/2006


« Mois des floraisons, mois des métamorphoses, mai qui fut sans nuages et juin poignardé,
Je n’oublierai jamais les lilas et les roses ni ceux que le printemps dans ses plis a gardés »




Après l’évocation douloureuse de juin 40 et celle reconnaissante de juin 44, après le 90è anniversaire des carnages de juillet 1916 sur la Somme et à Verdun, l’été 2006 nous amène son cortège de tueries quotidiennes en Irak et au Soudan, ses attentats terroristes dans le métro de Bombay (rappelant ceux de Londres et de Madrid un an plus tôt ), la reprise des violences aux frontières d’Israel attisées par les appels renouvelés à la destruction de ce pays par le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Sur ce fond de violences au quotidien un G8 se réunit à Saint Petersbourg pour se concerter sur quelques problèmes clefs, tels que l’énergie, les pandémies, l’éducation et la pauvreté et peut-être pour rechercher un accord sur le commerce mondial, mais semble impuissant à enrayer la prolifération du terrorisme ou des armes de destruction massive et à ramener la paix au Proche Orient.

Certes, la lutte contre la pauvreté, la maladie et la corruption, le développement de l’éducation et l’émancipation des femmes, la multiplication des échanges commerciaux et la diffusion des idéaux démocratiques de liberté, d’égalité, de fraternité et des droits de l’homme contribueront à réduire les causes majeures du terrorisme que sont le sous-développement et l’analphabétisme. Mais parallèlement à ces efforts matériels une non moins indispensable action spirituelle doit être développée.

Les gouvernements démocratiques, pour laïcs qu’ils soient, reposent sur un socle moral et philosophique qui, à travers les Lumières, remonte jusqu’au Décalogue et à l’enseignement du Livre. Héritières de cet enseignement, les trois familles spirituelles qui s’en réclament, judaïsme, christianisme et islam, ont à charge de le transmettre en en condamnant tous les dévoiements. Il est clair que les appels à la destruction d’Israel par le Président de l’Iran entendus par le Hamas et le Hezbollah – renouvelant ainsi les efforts d’Hitler et des nazis – ne sauraient être imputés à l’islam, pas plus que le nazisme ne pouvait être assimilé au christianisme: bien que de nombreux nazis étaient d’ascendance chrétienne, en adhérant au national-socialisme ils se sont exclus de la communion chrétienne.

Le piège que nous tendent les Al Qaida et autres mouvements de même espèce est de nous faire croire qu’ils représentent l’islam alors qu’en pratiquant le meurtre au nom d’Allah, mus par la haine des personnes qu’ils veulent exterminer (comme se comportaient naguère les “sections spéciales” et les tortionnaires des camps nazis) ils commettent le crime sans rémission et doivent être traités comme tels par leur communauté. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas un réél problème de co-habitation à résoudre entre Israéliens et Palestiniens : partage géographique d’un territoire entre deux entités politiques distinctes avec néanmoins une gestion en commun de nombreux services – eau, assainissement, énergie, transports, communications – qui se prêtent mal à un fractionnement sur un espace aussi restreint. Les problèmes à résoudre sont considérables mais non insolubles pour peu que les parties en présence s’y attellent sans se laisser détourner par les actions des haineux. L’Europe a ici un rôle capital à jouer, qui a su surmonter ses propres divisions et conflits et parvenir à la création d’un espace de paix.

La Déclaration de Barcelone, de novembre 1995, mettant en place le partenariat Euro-Méditerranée, visait à faire de cette mer intérieure de l’ancien empire romain “une zone de dialogue, d’échanges et de coopération qui garantisse la paix, la stabilité et la prospérité”. Le cadre existe dans lequel un accord israélo-palestinien gagnant-gagnant pourrait être conclu dans l’intérêt bien compris de tous les riverains sans exception. La Méditerranée est le creuset des civilisations d’où est issue l’Europe dans toute sa diversité à travers quatre mille ans d’histoire: l’Egypte ancienne, le peuple d’Israel et l’enseignement de Moïse et des prophètes, la Grèce des philosophes et de la science, Rome, ses lois, sa langue et son architecture, le christianisme d’Orient et d’Occident, de Rome et de la Réforme, Byzance, l’islam sous toutes ses formes, l’empire ottoman….

L’empire de Rome construit autour de la Méditerranée n’avait d’égal que l’empire du Milieu à l’autre extrémité du continent eurasiatique – et les deux empires commerçaient par la route de la soie. Chaque apport nouveau, religieux ou culturel, n’a pas supplanté ou abrogé les apports antérieurs. Selon les époques, chaque apport nouveau a certes tenté d’intégrer, d’ assimiler, de détruire ou de refouler les apports antérieurs, mais ces derniers perdurent et maintiennent la diversité culturelle – aussi importante que la bio-diversité – du monde euro-méditerranéen. Cet espace euro-méditerranéen doit aujourd’hui, comme naguère son ancêtre romain, communiquer et échanger avec l’Asie et ses civilisations, l’Asie qui reprend sa place éminente dans le concert des nations et jouera un rôle mondial déterminant en ce XXIè siècle.

Les peuples ont besoin de faire oeuvre de mémoire et de se replonger dans leur histoire. Les peuples du bassin méditerranéen, qui ont tant contribué au développement de l’humanité par les arts et la science, la spiritualité et le droit et notamment les droits de l’homme issus de la révélation du Sinaï, ont le devoir aujourd’hui de se souvenir de ce passé commun dont la diversité est source d’enrichissement plutôt que de conflits.

Il leur appartient de reconnaître ce patrimoine commun et d’assumer leurs responsabilités pour faire du bassin méditerranéen un espace de paix et de prospérité. Un jour peut-être, après la Turquie, l‘Union Européenne incluera aussi les riverains orientaux et méridionaux de la Méditerranée, dès lors qu’ils se conformeraient aux critères d’adhésion. Les Etats membres de cette Union Euro-Méditerranéenne auraient une influence décisive à l’échelle de la planète dans la solution des problèmes liés du développement et des migrations internationales. En attendant, l’Union Européenne doit agir avec vigueur dans le cadre des Nations Unies, pour aider Israéliens et Palestiniens à conclure leur accord de reconnaissance réciproque et de bon voisinage et pour s’opposer aux agressions des dévoyés qui rejettent notre héritage commun.

 

Edmond LISLE, Président

 


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