Une vie de Tikoun


Une vie de Tikoun – par le rabbin Yeshaya Dalsace. « Baroukh dayan haemet », le père de Maayane Dalsace, le beau-père du rabbin Yeshaya Dalsace, est décédé ce 18 kislev 5776.


Date : 13/12/2015



Une vie de Tikoun – par le rabbin Yeshaya Dalsace.

« Baroukh dayan haemet », le père de Maayane Dalsace, le beau-père du rabbin Yeshaya Dalsace, est décédé ce 18 kislev 5776.

Jean Claude Mlynarski de son nom hébraïque Hayim Yossef ben Avraham Meïr et Alta Anna est né Rosh Hodesh Nissan en 1932. Son père était issu d’une famille hassidique de Jedzedrov et sa mère la fille d’un rabbin et tsadik : Herschel Tsvi Kotsker Abeli, hassid de Kotz puis de Gur qui, dans une grande pauvreté, était le melamed du H’eder (enseignant de la Torah) à Pinschow (Pińczów) petit Schtetl au nord de Cracovie.

Les parents de Jean Claude étaient cousins et avaient été mariés par Shidoukh. Son père arriva en France dans les années 1920 et fut fabriquant de chapeaux à Paris. Sa femme le rejoignit et naquirent alors trois enfants. Jean Claude était le dernier.

Comme la plupart de ces Juifs polonais, l’émigration vers la France fut synonyme d’une bonne intégration et d’une certaine réussite sociale, mais aussi de l’ abandon d’un judaïsme de stricte observance.

Durant la guerre, la famille Mlynarski fuit en zone libre et changea plusieurs fois de lieu de résidence. Ils finirent par prendre le nom de Minart.

Après l’invasion de la Zone italienne, les Allemands firent à Grenoble une grande rafle, vérifiant chaque passant, descendant les culottes si nécessaire. Jean Claude, de retour de l’écol, devait traverser le pont barré par les Allemands et ne pouvait échapper à ce contrôle. Ses parents, au courant de ces rafles, étaient affolés. Il n’eut pas à présenter ses faux papiers, petit garçon blond aux yeux verts, un soldat SS le trouva assez « aryen » à son goût et décréta : « blondes haar, blauen augen ! » et le laissa passer sans y regarder de plus près. A quoi tient la vie !

Le danger était trop grand, l’enfant fut placé chez les pères dominicains à Coublevie dans l’Isère. Là, il fut sauvé grâce à l’Abbé qui, un jour, réussit à renvoyer avec fermeté la milice venue chercher le gamin juif qui se cachait là et se montra assez convaincant pour leur faire croire que l’information était fausse. A Coublevie, dans la cours de l’école, un gamin arrivé aussi de Grenoble reconnut Jean Claude et tiqua au nom de Minart : « ton vrai nom c’est Mlynarski ! » devant les autres enfants. Cela sema un moment de trouble, dont les conséquences auraient pu être graves. Jean Claude eut le bon réflexe : « non, mon nom est Minart, c’est toi le menteur et d’ailleurs tout le monde ici sait que tu triches aux billes, alors pourquoi te croire ! ». Une fois, Jean Claude devait assister à la messe comme tous les enfants et il ne voulait surtout pas se faire remarquer. Il prit donc son tour dans la queue pour communier, lorsque le curé lui rappela : « voyons Minart, vous n’avez p as encor e fait votre communion ! »… Par ailleurs, un des frères dominicains l’accompagnait souvent en promenade, lui parlant de la nature et des beautés de la création, cherchant à l’emmener doucement vers le christianisme… Le petit garçon se disait dans sa tête : « cause toujours, je suis Juif… et le resterai ». A la libération, au printemps 1945, Jean Claude fit sa Bar Mitsva à la synagogue de Nazareth à Paris.

Toute la famille venue en France avant guerre avait échappé à la déportation, mais son meilleur ami d’école élémentaire et lointain cousin, avec qui il échangeait ses Mickey magazines, avait été déporté avec toute sa famille et Jean Claude évoquait souvent sa mémoire.

Sa mère notamment avait aidé quantité de Juifs à se cacher et s’alimenter. Elle faisait des kilomètres dans la montagne pour apporter par petites quantités des vivres aux divers réfugiés sous sa protection dispatchés dans diverses planques. Après guerre, Jean Claude vit bien des gens venir rendre visite à ses parents, les remercier et lui dire : « sans ta mère, je ne serais pas ici aujourd’hui ! »

Dès que tomba la nouvelle de la libération de Paris, son père prit le premier train pour la capitale afin de récupérer son entreprise de chapeaux qui avait été aryanisée. Le nouveau « propriétaire » refusa de le laisser entrer. Monsieur Mlynarski alla aussitôt chercher un ami FTP qui débarqua avec quelques camarades mitraillette au poing et ne donna que quelques heures au « propriétaire » pour évacuer les lieux, faute de quoi cela allait barder… C’est ainsi que la désaryanisation fut aussi « efficace » que l’avait été la spoliation, évitant ainsi de bien longues et pénibles démarches administratives.

La vie de la famille reprit ainsi son cours dans le Paris de l’après-guerre. Par contre, du côté polonais personne de la famille ne survécut. A Pinczow, ville à 70% juive dont la communauté remontait au minimum au 16e siècle, avant guerre il y avait là 4000 Juifs, la plupart très pieux. Tante Hélène (Jablonski) que j’ai bien connu (dernière fille d’Herschel le tsadik) nous racontait que jeune fille, elle aimait à aller s’amuser avec les « sionistes » qui dansaient et parlaient de l’espoir de construire un pays juif… Autant dire que son père, très opposé au sionisme, n’était pas très content. Heureusement, Hélène (de son vrai nom H’aya, dont ma fille Noam or H’aya a hérité) arriva in extremis en France grâce à sa sœur Alta Anna et fut ainsi sauvée. Dernière vivante de cette génération, elle était venue très âgée à notre mariage à Jérusalem en 1994. Le sort des Juifs de Pinczow fut particulièrement douloureux : les Allemands se déchainèrent, humiliant et frappant, tuant d es enfants devant leurs parents, puis toute la communauté fut envoyée à Treblinka et gazée directement en octobre 1942. Nous savons que Herschel à la longue barbe, à la piété bien connue, fut la cible des moqueries et des humiliations de ces ordures dans les rues de Pinczow et mourut avec tous les siens à Treblinka. Il n’eut bien entendu ni tombe, ni cérémonie et l’enterrement très émouvant de Jean Claude en fut le Tikoun. Notre fils Elhanan Touvia Herschel porte son nom.

Jean Claude étudia la médecine et revint au nom de Mlynarski contrairement à son frère Pierre qui fut dentiste sous le nom de Minart. Jean Claude fut pédiatre, puis devint neuropsychiatre et psychanalyste. Il était un freudien pur et dur, n’aimait guère Lacan, et se méfiait des lacaniens qu’il considérait comme peu fiables sur le plan thérapeutique.

Il fréquenta bien évidemment le cercle de « psychanalyse et Torah » et les cours d’Emmanuel Levinas. Peu à peu, il approfondit son judaïsme et renoua avec le monde hassidique au fil des ans. Il adorait les enfants et n’eut qu’une fille, Maayane. Le lien entre eux était et restera l’un des plus forts que je n’ai jamais vu entre un père et une fille.

Dans notre histoire, jean Claude a toujours été présent, venant très régulièrement en Israël. Il fut là pour chaque naissance de nos cinq enfants. Toujours très attentif à l’aspect médical, pour la mère comme pour le bébé, toujours inquiet du moindre trouble, du moindre risque. Même en plein accouchement, nous discutions tous les deux dans un coin de la pièce de judaïsme, passion commune, et Maayane en rit encore…

Il prit sa retraite et vint s’installer à Jérusalem, non seulement pour réaliser un vieux rêve, mais aussi pour être proche de nous et s’occuper de ses petits-enfants qui étaient tout pour lui. Il fut un grand-père absolument extraordinaire. Lorsque notre fille ainée Anna-Noga est née, je me demandais quel grand-père il serait, puisqu’il n’avait jamais vu aucun de ses grands-parents. Je lui offris même à ce moment-là « L’art d’être grand-père » de Victor Hugo… Je m’en veux encore car vraiment, avec tout le respect pour le grand Hugo, Jean Claude ne pouvait être surpassé. Sa fille et ses petits-enfants ont été jusqu’au dernier souffle le centre de sa vie.

Quand nous sommes venus en France pour assurer la mission rabbinique, il continua les allers et retours entre Israël et la France. Il avait besoin de l’air d’Israël, de l’air de Jérusalem… Mais comme il aimait à le dire avec une grande subtilité : « mon Jérusalem, c’est mes petits-enfants »… Il devait donc nous courir après…

En Israël, il fréquenta très régulièrement une petite cour hassidique très stricte, celle de Ziditshov. Il était bien sûr allé voir les hassidim de Gur, puisque son grand-père était de Gur, mais c’était trop grand et inaccessible pour lui car les hassidim étaient très nombreux. Alors que la cour hassidique de Ziditshov, autrefois glorieuse, est toute petite et se limite à la famille du rebbe de Ziditshov lui-même et une poignée de hassidim. L’admour (le rebbe héréditaire) de Ziditshov le rav Alter Cahana était en effet un personnage assez extraordinaire, d’un accueil et d’une gentillesse rare. Je suis allé assez souvent dans ce petit Shtibel avec ce groupe de hassidim en bas blancs et en shtreimel, le rebbe faisant sa drasha en yiddish et distribuant des bonbons aux enfants à payess. Un monde authentique sauvé des flammes… J’ai même emmené le shabbat matin des touristes, Juifs français, à cet endroit pour qu’ils voient ce qu’est ce judaïsme là et le rebbe les a fait monter à la Torah sans même demander qui ils étaient vraiment, chose presque incroyable dans ces milieux très fermés. Quel accueil ! Jean Claude était devenu très proche de ce rebbe extraordinaire qui est décédé il y a une douzaine d’années. J’étais alors de passage en Israël et j’ai assisté à son enterrement nocturne (car à Jérusalem on enterre le même jour que le décès), un moment fort. Le rebbe, pour la naissance de notre fils Elhanan, avait donné un peu d’ail et de sucre en cadeau : l’ail pour qu’il soit « h’arif » (épicé, c’est-à-dire intelligent) et le sucre pour qu’il soit doux de cœur. Brakha pleinement réalisée.

En France, Jean Claude fréquentait la très stricte synagogue Adath Israël de la rue Basfroi. Il fut proche du Rav Schlammé qui faisait régulièrement appel à lui comme psychiatre pour certains cas délicats qui existent bien entendu dans la petite bulle de l’ultra-orthodoxie. Sans pour autant être un « frum », Jean Claude qui ne mit jamais une kippa noire ou un habit orthodoxe quelconque, fut proche de ce milieu par souci de rechercher son grand-père assassiné et par respect pour la flamme spirituelle qui s’y trouve encore. Il me disait parfois avec malice : « que voulez-vous, c’est ma nouvelle psychanalyse ! » Tout en restant assez critique sur la fermeture et sur certains excès de ces milieux, il aimait cette yiddishkeit débordant de tous côtés, ce goût bien particulier d’un monde disparu, tous les petits minhagim de chaque fête, les airs, l’hospitalité… Il adorait suivre les drashot et les cours en yiddish, langue des scènes de ménage de ses parents, qu’il maitrisait as sez mal au départ, mais dans laquelle il avait bien progressé au fil des ans. Malicieusement, il parlait au chat et chien de notre maison en yiddish, langue tendre et de certains secrets peut-être accessibles à l’âme d’un chat (nommé d’ailleurs d’un nom yiddish : Farschpiltekatz).

Au retour de chez ses hassidim, il disait souvent : « je reviens plein du monde d’une enfance qu’on m’a volé et que je n’ai pu connaître ». Comme tant d’autres, il aurait pu se mettre lui aussi à une pratique excessive, s’enfermer au reste du monde ; mais loin de là, il était bien trop fin, trop lucide sur l’humain, à commencer par lui-même, et intelligent pour tomber dans un tel piège. Au contraire, les nombreux jeunes gens à la Teshuva trop forte et trop ostentatoire, l’agaçaient. Il avait bien trop de recul intellectuel pour s’embourber dans une excessive frumkeit, mais en même temps il avait assez de rigueur intellectuelle et spirituelle pour être un pratiquant sérieux.

Mais comme bien d’autres également dans son milieu de psychanalystes parisiens, il aurait pu ne jamais franchir le pas et regarder la terre d’Israël, j’entends la pratique juive, de loin. Jean Claude fut un des rares dans ce milieu à renouer véritablement avec un monde de Torah authentique et à avoir cette magnifique humilité de ne pas juger sans faire, car le judaïsme passe autrement que par les mots et les textes, il passe par les actes et les rites. Or cette dimension là, bien peu de nos intellectuels juifs la connaît. Lui, voulait comprendre non seulement le monde du texte juif, mais aussi le monde de la neshama juive qui ne va pas sans le rite, les coutumes et les nombreuses mitsvot. Ce n’était pas un beau parleur, il cherchait ses mots et avait du mal à faire des conférences. Mais c’était un intellectuel solide et précis, un excellent psychanalyste et un esprit rigoureux.

Dans la pensée hassidique, Rosh Hodesh a une grande importance et représente la renaissance possible. Aussi, Jean Claude avait pour coutume d’offrir une seouda chaque Rosh Hodesh à sa synagogue. Trois shabbat sur quatre, il venait chez nous à Bagnolet. Habitant Fontenay sous bois, il profitait d’être à Paris pour se rendre à pied rue Basfroi près du boulevard Voltaire, sauf par très grande pluie, soit une heure et quart de marche aller et idem retour (sauf que cela monte assez sérieusement)… Cela jusqu’à deux mois avant sa mort !

Chaque shabbat également, il nous préparait au moins un repas qu’il apportait dans des boites, avec des h’alot, du vin et toujours des bonnes choses pour les enfants. Soit il restait avec le repas passer shabbat chez nous, soit il préférait retourner chez lui pour être tranquille. Plus d’une fois, il menaça de se mettre en grève, « le traiteur va prendre sa retraite ! » … C’était son côté un peu râleur. Evidemment, son plaisir était de se remettre dardar aux fourneaux et d’améliorer sa recette de tshoulent et autres spécialités traditionnelles, klepler, hering, kneidler, klops, boubele… exclusivement ashkénazes évidemment. Il était un excellent cuisinier.

Son rapport à Israël était très fort. Il adorait bien entendu Jérusalem et notamment le shouk de Mahané Yehouda. Mais il aimait aussi beaucoup Tel Aviv et son côté juif affranchi. Pour lui, comme pour tous ceux de sa génération, ce pays juif et libre était un rêve réalisé. Il n’était pas question de critiquer Israël, ni le judaïsme (pas plus que l’Amérique ou les italiens d’ailleurs…). En Israël, il se sentait à la maison. Il avait d’ailleurs pris la nationalité israélienne et même lorsqu’il fut contraint de revenir en France pour être près de ses petits enfants, le véritable centre de son monde, il allait au moins deux ou trois fois par an en Israël. Il tenait notamment à y être pour Soukkot et le rebbe de Ziditschov lui préparait toujours un loulav.

A Jérusalem, nous avions beaucoup tournicoté tous les deux pour explorer les diverses synagogues du quartier de Mea Shearim et des environs. La toute petite hassidout de Ziditschov, pour son accueil et sa modeste authenticité devint le lieu de son choix avec, également, une petite synagogue moderne orthodoxe (qui fut d’ailleurs autrefois une synagogue massorti) rehov Narkis juste au pied de l’appartement qu’il loua durant plusieurs années. Il passait très bien de l’une à l’autre et aimait toutes les facettes du judaïsme, même si le hassidisme était son adresse de prédilection et ses racines.

Lorsque le rebbe de Ziditschov tomba malade, il s’inquiéta de son sort, alla le voir chez lui, chercha à le convaincre de se nourrir et alla aussi plus tard le voir à l’hôpital et vérifier son dossier médical.

Voilà qui était Jean Claude, un homme modeste, fin, tellement juif, bon, indépendant et avant tout au service des autres. Le récit de ses funérailles dit assez bien l’excellent souvenir qu’il laisse auprès de ceux qui l’ont connu. Jean Claude eut en effet un enterrement hors du commun.

Ces dernières semaines, il était fatigué, il finit par être hospitalisé pour subir des examens. Il resta quelques jours à l’hôpital et finalement, mourut dans son sommeil lundi 30 novembre au matin. Il avait confié à Maayane combien être enterré en Israël était important pour lui, bien qu’ayant une place dans le caveau de ses parents à Bagneux. Après les premières heures passées à le veiller et dire des Psaumes, il fallut organiser les funérailles au plus vite. Coups de fil, démarches, etc… On opta pour l’achat d’une tombe dans le cimetière de Beit Shemesh entre Tel Aviv et Jérusalem. On demanda aux pompes funèbres s’il n’y avait pas un carré ashkénaze et l’on s’inquiéta aussi du rite ashkénaze vu que la ville est plutôt séfarade. On nous répondit qu’il y avait bien un carré, mais qu’il était sous le contrôle des hassidim de Gur, c’est-à-dire fermé à toute personne extérieure à ce milieu. Commença alors une négociation par téléphone et contacts interposés. Le mardi, on avai t déjà fait la levée du corps à Paris et le corps était parti pour l’aéroport et on négociait toujours… En fait, les Gur contactèrent les Ziditshov pour savoir qui était ce parisien avec ses velléités de venir parmi eux. Le rabbi de Ziditshov répondit : « si l’on me demandait si je serais d’accord pour être enterré à ses côtés, je répondrais que j’y verrais un honneur. Cela vous suffit-il, comme garantie ? » Du coup, feu vert pour une tombe parmi les Gur, et ainsi, pour Jean Claude une boucle se ferme avec son grand père, hassid de Gur brulé à Treblinka et donc sans « kever Israël ». Nous avons pris un vol de nuit, le cercueil en soute. Mercredi midi, nous étions peu nombreux au cimetière et n’avions pas eu le temps de prévenir grand monde. Mais étaient présents, outre le cercle des amis rapprochés et de notre maigre famille en Israël : le président de la rue Basfroi qui avait été très chaleureux avec moi au téléphone, le rabbin Kosman (traducteur du Talmud en français), le rav Yirmiyahou Hacohen, un temps Av Beit Din de Paris et rabbin de la rue Basfroi, qui fit un émouvant discou rs, et e nfin l’admour de Ziditschov en personne. Une telle délégation est rarissime. Non seulement cela, mais Jean Claude eu droit à tout un article très élogieux dans le petit journal communautaire des hassidim de Ziditschov, les murs de leur synagogue placardés d’annonces de deuil. Chaque jour des shiva, je suis allé prier chez eux et y dire le kaddish, leur accueil a été absolument exceptionnel. L’oncle de l’admour actuel et fils du vieux rebbe défunt vint rendre visite à Maayane en bas blancs et schtreimel chez nos amis artistes très bobo qui nous ont hébergé … Pas vraiment dans son milieu, mais d’une écoute et d’une gentillesse sans pareil. Un enterrement chez les Gur, en présence de rabbins importants, toute une hassidout marquant le deuil, un kaddish quotidien chez eux : pour Jean Claude qui avait tant voulu recoudre le tissus déchiré de ses racines juives, ce fut un tikoun, une réparation, extraordinaire qu’il n’avait pas je crois, osé envisager.

Jean Claude se nommait Hayim Yossef, c’est-à-dire « les vie de Joseph ». Or la parasha de la semaine de sa mort, vayeshev, entame le vaste récit des vies de Joseph. Joseph se caractérise par son vêtement déchiré, par son exil, sa perte et son tikoun final. Joseph est le personnage qui monte et descend sans cesse, qui subit la brisure et répare. Joseph est celui que l’on croit mort, mais qui est encore vivant. A la fin du livre de la Genèse, Joseph demande à être enterré en Israël, c’est celui qui même dans sa mort accompagne son peuple puisque son cercueil est transporté dans le désert durant 40 ans en parallèle avec l’Arche d’alliance. Joseph est surnommé « hatsadik », le juste, le droit. Joseph dans la kabbale est le yessod, la base sur laquelle un peuple peut s’appuyer, il est le fondement car sans lui, le peuple juif n’aurait pu être sauvé et n’aurait pas existé. Pour sa fille et ses petits enfants, pour ma petite famille, Hayim Yossef Mlynarski était ce yessod et pour nou s il ser a toujours vivant comme dit le verset de la Genèse « od Yossef h’ay ». Je sais déjà qu’un jour, un enfant juif, son arrière petit fils, portera ce prénom. Hayim Yossef est parvenu à recoudre le vêtement déchiqueté et ensanglanté de sa famille, il a reconstruit modestement et a mérité la reconnaissance de hassidim authentiques, il a transmis énormément.

Pour nous tous la perte est immense ; pour sa fille, un monde s’écroule ; mais dans le même temps, il nous laisse une magnifique énergie et un bel exemple à suivre. C’est pour cette énergie et pour cet exemple que j’ai pensé que ce récit et cet hommage méritaient d’être écrits et d’être rendus publics, pour qu’il offre à chacun un modèle de ce que peut être un Juif.

Que sa mémoire soit bénédiction.

יהי זכרו ברוך

Yeshaya Dalsace


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