Une voix de Jérusalem, Françoise Tibika-Apfelbaum, chargée de coordonner un groupe Artisans de Paix à Jérusalem

Comment se fait-il que le monde soit si malade ? Comment se fait-il que la paix tant souhaitée par tant de voix surtout les voix religieuses – qui depuis des millénaires disent en connaitre le chemin – ne soit pas encore là ? Il n’est pas question ici de cette paix qui se signe par les grands de ce monde sur du papier que l’on peut déchirer facilement. La paix qui nous intéresse ici est celle qui nous concerne tous… Cette paix n’est-elle pas encore là parce que nous ne la voulons pas assez ou parce que nous ne savons pas la faire ? Ou simplement parce que nous ne savons pas l’imaginer ?

Date : 16/2/2016

Une voix de Jérusalem,

Comment se fait-il que le monde soit si malade ? Comment se fait-il que la paix tant souhaitée par tant de voix surtout les voix religieuses – qui depuis des millénaires disent en connaitre le chemin – ne soit pas encore là ? Il faut préciser qu’il n’est pas question ici de cette paix qui se signe par les grands de ce monde sur du papier que l’on peut déchirer facilement. La paix qui nous intéresse ici est celle qui nous concerne tous. Cette paix n’est-elle pas encore là parce que nous ne la voulons pas assez ou parce que nous ne savons pas la faire ? Ou simplement parce que nous ne savons pas l’imaginer?

La paix représente pour bien des hommes, l’aspiration la plus profonde, enfouie parfois si profond en nous qu’on l’oublie tant elle semble inaccessible. Je veux parler de cette paix à laquelle on arrive, sortis vainqueurs d’un combat qui semblait sans issue ; le combat de notre vie, celui qui délivre nos cœurs de la peur, la peur de l’autre, la peur de son regard et aussi la peur et l’isolement que nous ressentons quand la colère, l’envie, la frustration ou la haine nous envahissent. Nous cherchons la paix qui se grave dans les cœurs tel un engagement à ne plus haïr. Car finalement aimer, n’est-il pas notre désir le plus cher et souvent le plus secret ?

Curieusement la science moderne apporte des éléments de réflexion sur cette question, à commencer par Einstein qui disait que : « L’imagination est plus importante que le savoir ». Enfin nous vivons en plein essor de la révolution quantique celle qui a bouleversé la science au siècle dernier et dont nous commençons à peine à réaliser la portée.

Imaginez la civilisation européenne au 16^ème siècle lorsque l’église reconnut enfin que la terre tournait autour du soleil et que la voute céleste qui jusqu’alors coupait l’homme du monde d’En-Haut n’existait pas !

Même si la terre tournait depuis la nuit des temps, et qu’il n’y avait jamais eu de plafond au dessus de nos têtes, la prise de conscience de ces découvertes allait secouer les esprits comme un véritable cataclysme, comme si tout a coup, la terre et les cieux se mirent à bouger et la calotte stellaire à partir en éclats. Curieusement, l’image qu’il avait du ciel affecta son esprit car une fois la porte ouverte, l’homme sembla sortir d’une prison où seule finalement son imagination l’avait confinée, par consensus général. Il renaissait. On vit les fruits d’une créativité nouvelle dans tous les domaines de notre culture : religion, philosophie, art, littérature, science. C’était la renaissance.

Cet épisode de notre histoire montre le pouvoir extraordinaire, d’autant plus qu’insoupçonné, de l’imagination collective.

La théorie quantique, elle, commence à peine à s’infiltrer dans les esprits du grand public. Beaucoup y voient déjà le détonateur de la prochaine grande révolution de l’humanité, plus bouleversante encore que la révolution copernicienne. Car cette fois-ci, ce n’est pas la structure des cieux qui s’effondre, comme à l’époque de Copernic, mais la substance même de notre propre chair et de tout ce qui nous entoure ! Selon la théorie, la matière est un phénomène ondulatoire des plus bizarres, des potentialités en devenir dont la réalisation d’une seule ne se fait qu’au contact d’un observateur. Autrement dit, la réalité est indissociable de l’observateur. C’est là un des aspects les plus révolutionnaires et les moins compréhensibles de la théorie. De plus, c’est par l’intermédiaire de l’observateur que le choix se fait. De quel choix s’agit-il ? Quel choix faisons nous lorsque nous sommes confrontés à autrui, à la réalité de sa présence? C’est une question devant laquelle la science se retire.

Dans tous les courants mystiques de nos diverses cultures on trouve pratiquement les mêmes réponses quant au choix que nous avons à faire devant autrui : ce n’est ni sa forme, ni la couleur de ses yeux, ni sa taille, ni son discours que nous choisissons. Ce que nous choisissons, souvent sans même y réfléchir, c’est l’ouverture de notre cœur. Est-ce de ce choix dont parle la mécanique quantique ? Serait-ce lui qui détermine notre réalité vis-à-vis d’autrui ?

Nous, les Artisans de Paix, nous voulons nous rassembler des quatre coins du monde pour instaurer le règne de l’amour et de la fraternité. Nous choisissons de voir l’autre comme nous-mêmes, c’est-à-dire comme un reflet de la gloire du Très-Haut. L’autre n’est ni un ennemi ni une menace, mais comme nous, une âme qui souffre d’isolement. Nous sommes convaincus que ce choix peut en un clin d’œil transformer notre réalité et que l’imagination collective tient une place déterminante dans le devenir de notre monde.

Françoise Tibika-Apfelbaum
Chercheur à L’Institut de Chimie de l’Université Hébraïque de Jérusalem
Chargée de coordonner un groupe Artisans de Paix à Jérusalem

Documents

◊ Profession de Foi – Françoise Tibika

◊International Peace Conference – Paula Kasparian, 14 septembre2016

◊ Si je t’oublie Jérusalem – Philippe Haddad (akadem.org)

◊ Françoise Tibika vit à Jérusalem depuis 1971

◊ Lettre de Françoise Tibika sur le livre “Le sentier de rectitude” de Moshe Haim Luzzatto

◊ Réunion artisans de Paix du 13 octobre 2016 à Jérusalem, avec Marianne Duvernoy, Edith Caron, Emile Moatti, Abu halil Tamimi, Françoise Tibika, Yehuda Stolov, Elyahou Abrahami

Réunion artisans de Paix du 13 octobre 2016 à Jérusalem chez Mme Françoise Tibika, déléguée des Artisans de Paix à Jérusalem, avec Marianne Duvernoy, Edith Caron, Emile Moatti, Abu halil Tamimi, Françoise Tibika, Yehuda Stolov, Elyahou Abrahami