La voix d’Edmond Lisle (1928-2023), membre fondateur d’Artisans de Paix aux côtés de sa belle-mère, Madeleine Frapier


Edmond Lisle

Celle-ci, soutenue par Edmond, voulut perpétuer la mémoire de sa fille Claire Lisle, décédée prématurément, en incarnant son vœu dans le projet Artisans de Paix : « Que les plus scientifiques soient les plus contemplatifs dans le monde qui vient ». Artisans de Paix cherche en effet, dès son commencement, à rassembler des femmes et des hommes de sciences et de religions dites révélées, afin de prier pour la paix dans un haut lieu symbolique de la planète, le désert du Sinaï.


Date : 6/10/1994



C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès d’Edmond Lisle, le 6 juin 2023 au domicile qu’il partageait avec son épouse, Ping Huang Lisle. Edmond était une personne d’une qualité incomparable, sur tous les plans. Son humanité, sa fidélité, sa capacité d’engagement, de don de soi étaient accompagnées d’une intelligence et d’une délicatesse rares. Il avait une classe qui le situait au niveau de l’excellence dans tous les domaines qu’il abordait, et cette classe était alliée à une grande simplicité. C’est un immense bonheur de l’avoir connu, et une grâce qu’il ait ainsi accompagné sa première belle-mère, Madeleine Frapier, dans la fondation de l’association Artisans de Paix dans laquelle celle-ci exprimait le vœu profond de son cœur que nous avons partagé par grâce, avec foi, espérance et amour, dans le secret de nos cœurs, dès le commencement de l’association.

Le vœu profond de Madame Frapier, c’est ainsi que nous l’appelions en raison de son grand âge (elle avait 92 ans quand elle a fondé l’association Artisans de Paix), était lié à l’amour qu’elle portait à sa fille Claire, la première épouse d’Edmond Lisle, décédée prématurément. Claire Lisle, de son vivant, avait formulé ce vœu : « Que les plus scientifiques soient les plus contemplatifs dans le monde qui vient ». Madame Frapier, soutenue par Edmond, voulut perpétuer la mémoire de sa fille Claire, en incarnant son vœu dans le projet Artisans de Paix. Celui-ci cherche en effet, dès son commencement, à rassembler des femmes et des hommes de sciences et de religions dites révélées, afin de prier pour la paix dans un haut lieu symbolique de la planète, le désert du Sinaï. C’est dans la communion spirituelle à ce projet que nous nous sommes rencontrées, Madame Frapier et moi-même, le 15 octobre 1994, jour de la fête de sainte Thérèse d’Avila.

Edmond a été d’une fidélité sans faille envers Madame Frapier, pour l’aider à réaliser ce projet, en présidant l’association naissante Artisans de Paix. C’est au service de ce projet que nous nous sommes rencontrés, Edmond et moi-même, avec une affinité spirituelle et intellectuelle inespérées. En effet, Edmond avait été directeur du département des Sciences de l’homme et de la société au CNRS où, après avoir soutenu ma première thèse de doctorat (en Épistémologie et Histoire de la Pensée économique et sociale) j’avais postulé en 1983, pour faire une recherche sur Connaissance révélée et connaissance scientifique. Maurice Clavelin, qui m’avait reçue à l’époque, me dit : « Si vous voulez travailler la Révélation, il faut aller au Collège de France. Si vous voulez travailler les sciences, vous pouvez travailler au CNRS. Si vous voulez travailler la relation entre les deux, à notre avis il n’y en a pas. » Je décidai alors de poursuivre ma recherche seule, soutenue par des amis jésuites.

Or de 1994 à 2009, Edmond Lisle présidait l’association Artisans de Paix et je l’animais, y organisant dès 1997 des conférences interdisciplinaires, interreligieuses et internationales, inspirées par mon intuition sur la relation entre « sciences et révélation » qui m’avait conduite à postuler un poste de chercheur au CNRS. Humour de Dieu ? Ce fut l’époque d’une merveilleuse liberté, fondée sur la confiance et le respect mutuel entre Edmond et moi-même, au service d’Artisans de Paix qui, par pur effet de la grâce, ouvrait le champ de la relation entre sciences et Révélation. En concevant les cycles de conférences Artisans de Paix, j’exprimai ce qui était enfoui dans le secret de mon cœur depuis la nuit du 25 au 26 janvier 1982 et que je partageais avec Madeleine Frapier qui a été rappelée à Dieu dans la nuit du 25 au 26 janvier 2002. Et en 2001, avec les encouragements d’Edmond Lisle, je soutins ma seconde thèse de doctorat, une thèse de Philosophie cette fois-ci, intitulée : « Le Toucher de l’Esprit. Connaissance(s) révélée(s) et connaissance(s) scientifique(s) », soutenue dans le cadre du Laboratoire CNRS de Philosophie et d’Histoire des idées de l’Université de Nice-Sophia Antipolis.

2008 a été une année charnière où, pendant que je faisais retraite durant 30 jours en avril, pour faire les grands Exercices spirituels de saint Ignace qui ont réorienté ma vision des choses, notamment pour Artisans de Paix, Edmond Lisle était suscité pour présider la Fraternité d’Abraham. Ce qu’il accepta. Dans un premier temps, il souhaita que je sois membre du Conseil d’administration de la Fraternité d’Abraham, espérant une fusion de nos associations. Mais ma retraite d’avril 2008 m’avait donné pour Artisans de Paix une vision tout autre que celle d’un espace de dialogue, fut-il interdisciplinaire, interreligieux et international, tel que nous l’avions pratiqué jusqu’alors. Ce qui m’était apparu, c’est l’intériorité réciproque des Artisans de Paix se portant les uns les autres, dans un mouvement de communion spirituelle interreligieuse, sans syncrétisme ni relativisme des valeurs et des religions. J’étais inhabitée par l’impérieux désir que vienne au jour des Fraternités Artisans de Paix déterminées chacune par une tradition particulière et cependant, ouvertes les unes aux autres, manifestant, chacune et ensemble, l’unité plurale des Artisans de Paix à l’image de l’unité plurale de Dieu qui apparaît dans les récits évangéliques de la Transfiguration.

En 2009, notre cher Edmond, dont le cœur était attentif, m’a confié la présidence d’Artisans de Paix dont il est devenu Président d’honneur. Je m’efforce de continuer de servir le vœu secret du cœur de Madame Madeleine Frapier qu’il nous a été donné mystérieusement de partager, qu’Edmond a servi aussi, dans le mystère de la vie donnée qui fait de nous des frères et sœurs pour l’éternité. C’est ainsi qu’Edmond Lisle reste pour Artisans de Paix un vivant dont le nom est inscrit dans le Livre de Vie, celui que traduit à sa manière la béatitude « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». Qu’on l’ait connu beaucoup ou peu, Edmond laisse dans les cœurs la marque de sa bienveillance, la lumière de son regard et la chaleur de son cœur. Mon mari ne l’a connu que peu, mais les quelques occasions de rencontres avec lui ont été suffisantes pour qu’il ait une immense estime pour lui et même une affection, l’affection que suscitait la bienveillance que l’on ne pouvait que ressentir à son approche. L’affinité qui nous relie à la famille de Madame Frapier est d’une profondeur insondable, qui nous invite à l’écoute de la voix du silence fin qui rallie les Artisans de Paix.

Paix à l’âme d’Edmond Lisle,
Paix dans le cœur des Artisans de Paix,
Paix dans le monde, se répandant par contigüité,
à partir des cœurs apaisés.

Paula Kasparian,  
Présidente des Artisans de Paix


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