MANIFESTE DES ARTISANS DE PAIX
Les Artisans de Paix, de diverses confessions, condamnent unanimement et avec énergie, comme le plus grand des blasphèmes, tous les crimes terroristes visant des vies humaines où qu’elles se trouvent, en particulier lorsqu’elles agissent dans l’exercice de leur fonction et prient dans des lieux de culte, en France et ailleurs.
Ils dénoncent toute instrumentalisation d’une religion au service d’un pouvoir politique et réciproquement : ils trouvent dans l’espace laïc un milieu favorable à leurs dialogues qui honorent la devise de la France, placée aux frontons des édifices publics : Liberté, Égalité, Fraternité.
Ils veillent à maintenir un équilibre constant entre ces trois termes de la devise républicaine : chacun allant vers soi-même, tout en vivant en empathie avec autrui, offrant ainsi un témoignage personnel de liberté, d’égalité et de fraternité, dans la vie quotidienne insérée dans la Cité.
Ils se reconnaissent semblables et donc frères et sœurs, dès lors qu’ils sont engagés dans un chemin de croissance spirituelle, personnel et collectif, enracinés dans le meilleur des grandes traditions religieuses qui font partie du patrimoine immémorial de l’humanité : ils favorisent ainsi l’émergence de Fraternités Artisans de Paix dans la société civile.
Ils se donnent pour tâche de pourfendre les thèses du fondamentalisme dans les religions, mais aussi dans une certaine interprétation de la laïcité, afin que celle-ci ne se considère pas comme une religion à côté, au dessus ou à la place des autres, mais comme un principe inclusif de tous les citoyens, parce que séparateur de la Religion et de l’État.
Ils affirment la liberté de ne pas croire, celle de pouvoir changer de croyance, mais aussi celle de croire en la vie, en l’amour de celles et ceux qui les précèdent dans l’ordre des générations, et en ce qui relie les êtres (ce que signifie étymologiquement religion) : le doute sur fond de confiance, et non l’inverse, permet à un enfant de grandir et à un adulte de mûrir.
Ils sont attentifs à l’impact de la violence dans la psychologie enfantine et expriment au monde enseignant la nécessité d’enseigner aux enfants le caractère sacré de la vie, ainsi que l’héritage civilisationnel des sagesses ancestrales ; l’enseignement de la liberté de conscience et de l’esprit critique trouvera alors sa place dans le cursus de formation des adolescents.
Ils considèrent que la liberté d’expression, notamment dans les réseaux sociaux et dans la presse, ne doit pas inciter à la haine et ne doit pas nuire à l’ordre public, à la paix et à la fondation d’une société une et plurale, solidaire et fraternelle.
En pratique :
Ils s’efforcent de vivre avec le respect et le tact qu’ils apprennent au contact les uns des autres et qui sont les qualités premières d’un artisan de paix, en pratiquant une fraternité active sans laquelle notre société dépérit, comme on l’observe trop souvent autour de nous.
Ils font de la Paix leur combat spirituel de chaque instant, auquel tous les citoyens devraient se livrer, grands et petits, sur la base du Bien commun dont les Artisans de Paix sont témoins et qui cimente la vie en société en déracinant la barbarie.
Ils visent l’exercice de la liberté comme une valeur humaine essentielle, garantie par la Constitution, qui doit être vécue en conscience, jamais au détriment de l’égalité et de la fraternité.
Ils posent des signes d’espérance pour le monde, en œuvrant pour la paix des religions, leur coopération et la création d’un avenir refusant la violence, et manifestent ainsi la force de vie en abondance qui jaillit parmi eux.
Le Conseil d’administration des Artisans de Paix réuni le 10 novembre 2020
◊ Extrait du discours du Pape François sur l’originalité de la liberté religieuse, prononcé le lundi 8 février au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, rapporté par le journaliste Jean Marie Guenois, dans Le Figaro du 9 février, p. 11 :
« Un bon soin du corps ne peut jamais faire abstraction du soin de l’âme » (..). Certes, « les exigences pour contenir la diffusion du virus ont aussi eu des conséquences sur diverses libertés fondamentales, y compris la liberté de religion », mais « la dimension religieuse constitue un aspect fondamental de la personnalité humaine et de la société » qui n’est pas « secondaire par rapport à la santé physique ». Et encore moins sur le plan du droit, a insisté le pape : « La liberté de culte n’est pas un corollaire de la liberté de réunion, mais dérive essentiellement du droit à la liberté religieuse qui est le premier et plus fondamental droit humain. Il est donc nécessaire que celle-ci soit respectée, protégée et défendue par les autorités civiles, comme la santé et l’intégrité physique ».
◊ Eric Vinson, chercheur, journaliste et auteur spécialisé dans le fait religieux est interviewé par Lama Guetcheu
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René NOUAILHAT, docteur ès Lettres, est historien des religions. Il a fondé l’IFER (Institut de formation à l’étude et l’enseignement des religions) au Centre Universitaire Catholique de Bourgogne, où il a ouvert de nouveaux parcours de formation et de recherche en didactique du fait religieux.
Matthieu FAUCHER est l’instituteur de Malicornay condamné pour avoir parlé de la Bible à ses élèves.