Lettre 28 - 11/11/2004


L’élection présidentielle américaine



La grande majorité de nos concitoyens européens, toutes tendances politiques confondues, espérait en la victoire du candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine L’auteur de ces lignes imaginait déjà le message d’espoir pour le monde qu’un tel résultat aurait signifié. Le 4 novembre il fallut déchanter. Le Président sortant était ré-élu et cette fois-ci, contrairement au scrutin de 2000, avec une nette majorité du vote populaire. Ce résultat global recouvre des données qu’on ne saurait ignorer. Ce n’est pas tant  la guerre en Irak ou la situation de l’économie américaine – deux sujets fort préoccupants – sur lesquels les citoyens qui ont ré-élu le Président se sont prononcés. Ils l’ont soutenu d’abord pour sa défense des « valeurs morales » : la sainteté du mariage, le refus de l’avortement, le rejet du « mariage » gay et de l’expérimentation sur les cellules souche, l’intime conviction que Dieu protège les Etats Unis… C’est un Président conservateur qui a été ré-élu, pour mettre en œuvre un programme politiquement conservateur.

Quels enseignements devons-nous tirer de ce résultat ?

D’abord, la « vox populi » s’est prononcée. Une majorité du peuple américain s’est déclarée en faveur d’une politique se réclamant des valeurs morales et attachant du prix à la religion dans la conduite des affaires publiques et cela même dans un pays dont la constitution affiche le principe de la séparation des églises et de l’Etat. Nous aurons, en Europe, à nous accommoder de ce fait pendant les quatre années à venir.

Quelles perspectives, ensuite, se dessinent dans le monde à la suite de cette ré-élection, et en tout premier lieu pour la paix au Proche Orient ?

On pourrait espérer que dans ce deuxième mandat le Président se sentira à la fois plus libre – mais aussi plus obligé – de peser de tout son poids pour faire aboutir des négociations amenant une paix durable entre Israel et la Palestine. La disparition du Président de l’autorité palestinienne lèvera un obstacle à cette démarche ; il en reste de nombreux autres et notamment le fanatisme religieux de la région, attisé par la poursuite de la guerre en Irak.

C’est sur ce dernier point que nous devons exprimer des craintes. Le fait même que le Président des Etats Unis et la majorité qui l’a ré-élu se réclament du Très Haut donne prise à tous ceux qui annoncent le conflit des civilisations, le choc des cultures, la guerre des religions – pour appeler un chat un chat – entre le christianisme et l’islam. De part et d’autre on se traite de Satan, on diabolise l’adversaire. En adoptant, en Occident, un vocabulaire semblable à celui du fanatisme islamique, on renforce ce dernier et on le confirme dans ses positions et son jugement sur l’Occident dégénéré et sacrilège. Bush est tombé dans le piège de Ben Laden en acceptant la « guerre sainte » que ce dernier proclame.

Le terrorisme qui a frappé et nous frappera encore est un fléau que nous devons combattre et vaincre. Mais nous devons refuser de nous laisser entrainer dans l’impasse où veulent nous enfermer les fanatiques qui nous agressent, en nous lançant dans une « guerre sainte » contre eux. Ce sont des criminels, qu’il convient de traiter et de pourchasser comme tels, non les fidèles d’une autre religion que nous combattons au nom d’une supposée « vraie foi ». Il faut affirmer haut et fort qu’il n’y a pas de « guerre sainte », à supposer qu’une guerre puisse jamais être sainte, mais un combat acharné contre des assassins.

En Europe nous avons connu des siècles de guerres de religion, entre Chrétiens et Musulmans, entre Chrétiens d’Occident et Chrétiens d’Orient, entre Réformés et Catholiques, les frères aînés de tous dans la foi que sont les Juifs étant toujours les victimes centrales ou collatérales de ces divers conflits, dont certains couvent encore, dans les Balkans et en Irlande. Nous avons appris la folie de ces guerres fratricides entre enfants du même Père, qui amplifiaient ou « justifiaient » les conflits entre les nations de notre continent. Depuis la deuxième guerre mondiale nous nous somes efforcés de mettre un terme à ces violences  et l’Union européenne commence à offrir l’image d’une société en paix et tolérante. Cet anniversaire de l’armistice de 1918 nous fait un devoir de mémoire de ces conflits fratricides et de notre volonté de les remplacer par la fraternité. Nous devons maintenant apprendre à mieux intégrer la dimension islamique de notre continent. L’Empire de Rome, dont nous sommes les héritiers, englobait toute la Méditerranée ; l’Union européenne, la rive nord seulement. Comment co-habiter avec les peuples voisins du Maghreb et du Proche-Orient, qui sont nos client et nos fournisseurs, viennent travailler chez nous, nous proposent des lieux de vacances et de tourisme – et se réclament du même ancêtre Abraham ?

A la fin de la guerre froide et avec l’effondrement de la puissance soviétique et du monde communiste, la super-puissance américaine s’est retrouvée sans adversaire. Le monde bi-polaire a disparu. Il régnait un équilibre de la terreur, sans conflit majeur – et pour cause en raison de la menace nucléaire – mais une multitude de guerres locales. Aujourd’hui, nous sommes dans la multi-polarité, avec un rôle croissant dévolu à l’Asie et singulièrement à la Chine, mais la super-puissance demeure et semble se chercher un adversaire à sa hauteur dans le terrorisme international. L’Europe a un autre rôle à jouer : démontrer l’efficacité de son modèle de société multi-ethnique et multi-culturelle, de son économie sociale de marché aussi, qui offre de meilleurs garanties d’épanouissement et de protection des libertés de l’individu que le modèle du conservatisme américain. Nous devons pour cela poursuivre intensément le dialogue et la découverte de nos richesses spirituelles réciproques entre les descendants d’Abraham, Juifs, Chrétiens et Musulmans, qui  portons tous le même message de paix entre les enfants du même Père, le Dieu Très Misécordieux.

 

Edmond Lisle

Président


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