Lettre 45 - 1/3/2009


Mouloud (9 mars), Pourim (10 mars), Annonciation (25 mars)



I – Entre l’anniversaire de la naissance du Prophète, le 9 mars (Mouloud an-Nabi) vers 570 de notre ère, et celui de l’Annonciation de la naissance de Jésus, le 25 mars, se situe la fête de Pourim (10 mars), qui rappelle le sauvetage de l’extermination des Juifs de Babylone, grâce à l’intervention d’Esther auprès du roi de Perse Assuérus  (Xerxès 1er, 485-465 avant notre ère).

Il est bon que chacune de nos trois traditions monothéistes se souvienne des évènements marquants de leur histoire, car cette mémoire collective nous constitue en communautés vivantes, en êtres humains doués d’intelligence et de raison. Cette mémoire nous rappelle aussi la Révélation donnée par le Créateur dans les textes que nous avons reçus, Bible hébraïque, Evangiles, Coran, qui rappellent nos devoirs: celui de l’amour du prochain et de solidarité.

En cette période de très grave crise économique mondiale ce devoir de fraternité et de solidarité devient primordial. L’histoire nous enseigne que le développement économique d’une société ne procède pas d’une manière régulière mais plutôt de façon cyclique, et parfois chaotique. Après une période de croissance où l’emploi et les salaires  augmentent, entrainant une tension sur les prix,  une « bulle » spéculative se forme alors sur un marché de biens devenus rares . Survient alors une correction : la bulle éclate, les prix chutent, le chômage se développe et avec lui les revenus baissent, la valeur des biens jusque là rares s’effondre, la consommation diminue, la confiance fait place à l’inquiétude, la régression puis la dépression s’installe.

La Bible nous donne le premier exemple d’un cycle économique et comment les hommes s’y sont adaptés. Genèse XLI nous relate l’événement : il s’agit du songe de Pharaon, dans lequel  sept vaches grasses et belles sont suivies de sept vaches chétives et maigres qui les dévorent, puis d’un deuxième songe où apparaissent sept épis pleins et beaux, engloutis par sept épis maigres et brûlés. On sait que Joseph interpréta ce songe, prédisant sept années de prospérité suivies de sept années de disette.

Il ne se contenta pas d’interpréter : il prescrivit la politique à mettre en œuvre : accumuler des surplus pendant les années de « vaches grasses » pour les redistribuer pendant les années de vaches maigres.

Comment envisager une sortie de crise et comment éviter une répétition du mécanisme qui a conduit le monde à la récession présente, qui, si elle n’est pas vite surmontée, pourrait conduire à de graves conflits sociaux, tel ceux dont la Grèce et  la Guadeloupe  viennent de nous en fournir l’exemple ?

Il convient au préalable de s’interroger sur la nature même de la crise financière que le monde vient de subir. L’affaire des sub-prime n’est que le symptôme d’une dérive beaucoup plus fondamentale et nocive et dont la méga-escroquerie Madoff n’est que l’exemple extrême.

Le recherche du gain le plus rapide possible, a conduit des  financiers imaginatifs à concevoir des produits financiers de plus en plus complexes et à les proposer à des institutions ou à des personnes qui avaient des fonds à placer et qui cherchaient la meilleure rentabilité possible. Cette « ingénierie financière » reposait, en dernier ressort, sur une « fuite en avant » de la valeur des actifs : on alléchait l’investisseur par la perspective d’une hausse de valeurs boursières ou immobilières pour placer des titres adossés à ces valeurs puis on s’efforçait de réaliser la hausse annoncée en attisant la concurrence  par la mise sur le marché de titres encore plus alléchants. Et on rémunérait le personnel des établissements qui plaçaient ces titres par des primes (bonus) indexés sur les résultats. Il en est résulté une inflation des valeurs financières sans commune mesure avec la valeur ajoutée de l’économie réelle et une véritable hypertrophie du secteur financier. C’est cette bulle financière qui a fini par éclater et tous les gains virtuels qu’elle représentait sont partis en fumée, car ils ne reposaient sur rien.

Il y a eu  évidemment beaucoup d’opérateurs peu scrupuleux et  malhonnêtes,  mais il y a eu aussi énormément de naïveté de la part de trop nombreux acteurs financiers qui auraient dû être plus avisés et prudents, ou plus méfiants, mais sans doute ont-ils été aveuglés par la perspective d’un enrichissement facile et rapide. Les valeurs du capitalisme traditionnel, de frugalité, d’épargne et de travail, d’honneteté et de prudence, ont été oubliées et toute la société en paie le prix, car l’économie doit commencer par « passer par pertes et profits » l’énorme dette laissée au bilan des banques par l’annulation de ces milliards de milliards d’actifs partis en fumée.

 

II – Il n’est pas inutile de rappeler que Maurice ALLAIS, Prix Nobel d’économie, avait dénoncé dès 1998  les dangers de la spéculation financière en ces termes :

« Depuis 1974 une spéculation massive s’est développée à l’échelle mondiale.. . Qu’il s’agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les   enchères auxquelles participent des millions de joueurs, ne s’arrêtent jamais. Aux cotations américaines se succèdent les cotations à Tokyo et à Hong Kong, puis à Londres, Francfort et Paris. Sur toutes les places, cette spéculation, frénétique et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit… L’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s’était constatée. Jamais sans doute il n’est devenu plus difficile d’y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n’était apparue avec une telle menace d’un effondrement général »

L’année 2009 sera difficile, avec une croissance mondiale de 2% seulement, contre 4,8% en 2007, une croissance de -2,4%  dans la zone Euro, de -2,2% aux Etats Unis et de 6% à 8% seulement en Chine.

Si, malgré ce contexte, les pays membres du G20 parviennent à faire converger leurs politiques  de relance en investissant notamment dans les nouvelles technologies favorisant le développement durable, tout en améliorant leur surveillance du système financier mondial ainsi que sa gouvernance grâce à une concertation accrue entre le FMI et les autorités nationales de surveillance, on peut espérer retrouver une croissance mondiale plus forte en 2010.

Tout repose, on le voit, sur une coopération mondiale beaucoup plus étroite : tout repli protectionniste, le « chacun pour soi » ferait passer de la récession à la dépression profonde, à des conflits sociaux graves dans de nombreux pays, ce qui accentuerait le risque de conflits armés pour se défendre contre des prédateurs ou pour  s’approprier des richesses naturelles : eau, pétrole, matières premières, terres arables…

 

III – En dernière analyse tout repose aussi sur une remise en cause profonde dans la société occidentale d’une culture dominante et de comportements individuels  orientés vers la recherche du gain rapide à n’importe quel prix, sans aucun souci du voisin.  Le retour à la prospérité, facteur de paix, dans la perspective d’un développement durable, exige de la part de tous les citoyens un comportement où s’exprime la solidarité à l’égard de l’autre et un respect de la nature, ainsi qu’il est dit dans la Loi de Moïse (Lévitique XIX, 33-34) :

« Si un étranger vient séjourner avec toi, dans votre pays, ne le molestez pas. Il sera pour vous comme un de vos compatriotes, l’étranger qui séjourne avec vous, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte : je suis l’Eternel votre Dieu ». Et RACHI commente ce dernier verset en disant : Je suis l’Eternel, votre Dieu, Je suis ton Dieu et son Dieu.

Nous devons de même apprendre à respecter  l’environnement, nous rappelant le commandement de la Genèse (I-27) :   « Dieu créa l’homme à son image ; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit en leur disant ‘Fructifiez et multipliez-vous ! remplissez la terre et dominez-la » puis (Genèse II-15)  « l’Eternel-Dieu prit l’homme et l ‘établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder ».

Nous sommes les gardiens de nos frères et les gardiens de la planète.

 

Edmond Lisle, Président


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