L’expérience du retournement de la conscience par la vie du Souffle


Séminaire spécialisé de recherche AIDOP / Artisans de Paix : Spiritualité de l’Interreligieux pour la Paix. Direction Paula Kasparian (programme N°4 d’AIDOP : «Pardon réconciliation, justice»), sur INSCRIPTION et homologation nécessaires. Un pas de plus : Hommes et femmes, peuples et religions, répondent au questionnement divin engendré par la vie du Souffle en soi, pour soi et pour d’autres. Avec Dr Dan Arbib (ENS), Pr Jean-Paul Durand op, Shaykh Amanoullah De Vos, Pr Claire Tardieu.
10ème séance.


Date : 2/3/2014
Heure : 15:00 - 20:00
Lieu : Couvent Dominicain
Adresse : 18, rue des Tanneries 75013 Paris



Spiritualité de l’interreligieux pour la paix. Un pas de plus : Hommes et femmes, peuples et religions, répondent au questionnement divin suscité par la vie du Souffle en soi, pour soi et pour d’autres.
Nous ferons l’hypothèse du corps individuel, social et cosmique de chacun de nous où se fait l’expérience du retournement de la conscience sous l’effet de la vie du Souffle.

Direction Paula Kasparian (programme N°4 d’AIDOP : «Pardon réconciliation, justice»), sur INSCRIPTION et homologation nécessaires.

Contexte d’organisation :

Proposition d’ AIDOP en coopération avec Artisans de Paix:
Séminaire spécialisé AIDOP “Spiritualité de l’interreligieux”,
dans le cadre du Pôle “Dialogue interreligieux”, dirigé par M Pierre Barçon, Ancien Haut fonctionnaire français,
dans le cadre du Programme 4 de recherche et de formation d’AIDOP: “Pardon, réconciliation, justice”,
programme dont le Directeur exécutif est le Pr Emmanuel Tawil ( Professeur à l’Institut catholique de Paris et Maître de Conférence à l’Université Panthéon Assas Paris II),
Chargée de mission AIDOP pour le suivi de ce programme 4, Mme Paula Kasparian, Présidente d’Artisans de Paix.

L’INSCRIPTION PREALABLE au séminaire est obligatoire :
> soit auprès d’AIDOP (email : commission@aidop.org ou tel : 00 33(0)6 08 58 72 93),
> soit auprès d’Artisans de Paix (email : paula.kasparian@artisans-de-paix.org ou tel 06 77 09 91 51) pour les seuls membres de ce mouvement (à jour de leur cotisation pour l’année civile en cours).

Merci aux personnes inscrites mais dans l’impossibilité de venir de le signaler suffisamment tôt pour permettre l’inscription d’autres personnes.

 

L’EXPERIENCE DU RETOURNEMENT DE LA CONSCIENCE PAR LA VIE DU SOUFFLE

Nous faisons l’hypothèse admissible dans certaines traditions (quitte à ce qu’elle soit niée par d’autres mais au moins respectée), de la dilatation / contraction du Souffle divin dans le souffle de l’homme et de la femme: « Le souffle de l’homme est une lampe du Seigneur qui explore les tréfonds de l’être »  Pr 20, 27. La dilatation / contraction du Souffle divin dans le souffle de l’homme et de la femme est-elle pensable dans chaque tradition ? Dans la mesure où elle est pensable, elle est une aide ouvrant d’une façon nouvelle le champ de l’interreligieux. La voie du retournement de la conscience des Artisans de Paix sous la motion du Souffle est une voie de sanctification dans laquelle ils s’appuient les uns  sur les autres, avec la diversité des traditions religieuses représentées parmi eux. Cette voie pourrait-elle,  au regard des traditions pour lesquelles la présence du Souffle de Dieu dans le souffle de l’homme et de la femme, fait sens,  participer d’une dilatation / contraction chez l’homme et la femme en Dieu, en réponse à la dilatation / contraction du Souffle de Dieu en chaque être humain qui y consent et dans toute la Création ? Existe un constat dans l’humanité d’une contraction divine : ce n’est qu’un constat, non pas une déduction humaine. Soit un constat d’un fait inhérent à ce qui peut-être révélé par volonté divine, soit un constat pour des religions non révélées d’un fait inhérent au rythme du réel lui-même.

Au gré de dilatations et contractions divines auprès du souffle de l’homme et de la femme, s’ouvre le champ de la réalisation de chaque histoire humaine singulière, de chaque épopée de peuple, de chaque itinérance de religion, et s’ouvre notamment le champ de l’œuvre aux XX° et XXI° siècles de dialogues interreligieux, cf.  Proverbes 20, 27: « Le souffle de l’homme est une lampe du Seigneur qui explore les tréfonds de l’être » et Coran 24,35 : « Dieu est la lumière du ciel et de la terre. Sa lumière se manifeste comme celle venant d’une niche (le corps de l’homme) où se trouve un flambeau (la Présence divine) et le flambeau est dans un cristal (le cœur) et celui-ci est comme un astre étincelant. Ce flambeau est allumé à un arbre béni : l’olivier qui ne provient ni de l’Orient ni de l’Occident et dont l’huile est près d’éclairer sans que le feu ne la touche. (L’âme naturellement lumineuse) Lumière sur lumière ! (la Présence divine sur la prédisposition de l’âme). Dieu guide vers sa lumière qui, il veut. Dieu propose aux hommes des paraboles. Dieu est savant en toute chose » – les commentaires entre parenthèses sont de Sheikh Amanoullah de Vos. Ces champs seront au point de départ de notre étude.

 

LE CHAMP S’OUVRE AVEC LA TORA.

Isaac Louria Achkenazi (1534-1572) introduit dans la cabale les notions fondamentales de « tsimtsoum », de « chevirah » et de « tiqqoun » .

« Tsimtsoum »  désigne la contraction de la divinité en elle-même, contraction qui eut pour effet de dégager un certain espace intermédiaire. Dans le Midrach, ce mot était employé à propos de la contraction de Dieu à l’intérieur du Saint des Saints dans le Temple de Jérusalem. Isaac Louria Achkenazi voit le « tsimtsoum » comme une autocontraction provoquant un appel d’air et permettant l’instauration du vide. Dans une certaine mesure, le processus du « tsimtsoum » est une forme d’exil, comme si le premier événement dans l’histoire de la création n’était autre que l’exil de Dieu.

« Chevirah » : à un stade de la création, les pouvoirs de Dieu se désintégrèrent, au point que la création est remplacée par la destruction. C’est cette catastrophe qu’ Isaac Louria Achkenazi désigne par le terme de « chevirah » (ou « chevirah ha-kélim »), « brisure » des vases divins : incapables de contenir la lumière divine qui afflue en eux, les vases se cassent et volent en éclats, tandis que la lumière divine revient à son point de départ.

« Tiqqoun » : « correction » ou « réparation » des dommages causés par la chevirah.

« Devéqout » : « adhésion » ou « union ». Dans la Bible, la « devéquout » est présentée comme le sommet de l’amour envers Dieu et de l’obéissance à ses lois (Deut 30, 20). La plupart des cabalistes l’interprètent comme l’ascension de l’âme par la prière et la méditation jusqu’au cercle inférieur des dix sphères (« sephirot »), où elle rencontre finalement la Présence divine. Pour Isaac Louria et les cabalistes qui l’entourent, grâce à une concentration préalable de l’esprit, chaque prière récitée ou chaque commandement accompli peut aider quiconque à accomplir la « devéqout » et à atteindre ainsi la perfection religieuse.

Source : G. Wigoder (dir.), « Louria, Isaac et Kabbale lourianique » et « Devéqout » in Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Le Cerf, 1993.

 

CETTE DILATATION/CONTRACTION DU SOUFFLE DE DIEU AUPRES DU SOUFFLE DE L’HOMME ET DE LA FEMME EST-ELLE PENSABLE DANS CHAQUE TRADITION?

Nous pouvons étudier dans la Fraternité Toraïque des Artisans de Paix, le passage depuis la Genèse (Elohim, le Dieu des puissances), à l’Exode où il s’agit de contempler des yeux et du cœur une voix (YHWH, Buisson Ardent), puis au Deutéronome (Dt 30, 20),  où la présence intérieure à l’homme et à la femme nous ouvre l’horizon du corps de chaque être humain. Chacun de ces corps humains  réalisant l’unité de la Tora en devenant corps Livré. Livré à la jonction des Ecritures rassemblant la Loi, la Prophétie et la Sagesse. La prophétie juive s’achève avec les derniers versets de Malachie où il est question du retour d’Elie apportant la réconciliation des générations. La sagesse s’accomplit avec l’universalisation du message de la Tora dont est témoin l’élu qui la reçoit ; le Livre des Macabées en est un exemple.

Dans la tradition chrétienne, l’élu la reçoit sur une croix, avec à son sommet l’événement du cœur transpercé par lequel se communique l’élection. Passage par en une kénose ouverte à la participation de tous les hommes et toutes les femmes  le samedi saint. Nous devrons étudier l’importance du Samedi Saint pour la Fraternité Eucharistique des Artisans de Paix. Les Musulmans soufis auront de la matière pour nous parler du Coran qui a pour vocation de devenir Imam. Les Bouddhistes seront à l’aise avec la vacuité qui évacue les dogmatismes au profit des analyses du réel; réel dont émerge spontanément la spiritualité dès que les idoles sont détruites. Ils auront les uns et les autres, à faire le lien avec les Fraternités Islamique et bouddhique des Artisans de Paix.

 

QUAND CETTE DILATATION/CONTRACTION DU SOUFFLE DE DIEU AUPRES DU SOUFFLE DE L’HOMME ET DE LA FEMME EST PENSABLE, ELLE OUVRE LE CHAMP DE L’INTERRELIGIEUX.

Nous pourrons commenter le propos de SS Jean Paul II le 26/10/1986, 16h à Assise (mentionné dans mon texte écrit pour le séminaire du 20 octobre), avec les conséquences qu’en tire le père Jacques Vidal (notamment lors de la retraite qu’il donna au Carmel d’Avignon en 1987). Nous devrons dire comment se présente la voie des Artisans de Paix dans ce champ.

Le 27 octobre 1986, un grand pas de la foi fut posé dans l’espace qui acquiert ainsi valeur de symbole, pour l’humanité entière : sur la colline d’Assise,  les hommes et femmes religieux(ses) et les scientifiques  contemplatifs(ves), se rassemblant pour prier chacun selon son génie propre et celui de sa tradition spécifique, manifestent au monde visiblement, ce qui est une réalité invisible vivante, à savoir qu’ils se préparent à célébrer une forme d’alliance qui sera une expérience d’unité.  La Réalité Ultime que certains appellent Dieu, parle dans l’univers sans bruit de mots, secrètement au fond du cœur (inhabitation), au point de naissance du souffle, avec un principe de lumière qui éclaire l’âme (circumincession). A 16h30, sous un ciel noir, Jean-Paul II dit : « Avec les religions du monde, nous partageons un profond respect de la conscience et l’obéissance à la conscience ». Ce qui signifie que  nous devons chercher à rassembler et peut-être à réunir les différentes religions en approfondissant la question de la conscience.

Qu’est-ce que la conscience ? Quel rapport avec le Souffle ? Rappelons le propos de Jacques Vidal en 1987, six mois après le rassemblement d’Assise, lors d’une retraite qu’il donna au Carmel d’Avignon : « Prier c’est reconduire son souffle à la Source ». C’est remonter de la manifestation jusqu’au point de naissance du souffle où jaillit la conscience, là où très exactement se fonde l’agir moral dans l’axe de nous-mêmes, affirmant notre liberté sur le biologique et le psychique qui pourraient nous tenir captifs de leurs balancements. Il y a conscience quand nous sommes sur la crête de la vague du souffle, en péril ou en suspens, reposant  là où nous sommes vraiment nous-mêmes, ni dehors / ni dedans, en tension vers le Seigneur qui nous appelle à nous reposer en lui par la vie du souffle. Si nous voulons nous unir par cette voie aux Artisans de Paix du monde entier, quelle que soit leur confession, nous devons demeurer à la Racine de la conscience c’est-à-dire à la Racine du Souffle, dans l’Esprit d’Assise, en dialogue avec les méthodes en sciences,  avec les attitudes vécues et relues en traditions religieuses,  en étant vigilants sur les engagements entre nations,  d’où peut émerger la paix avec toujours plus de justice. De cette Demeure, la Racine du Souffle, émerge le Souffle des Artisans de Paix se reflétant dans leur itinéraire.

La voie des Artisans de Paix se fonde sur l’hypothèse d’un corps individuel, social et cosmique de chacun de nous où se fait l’expérience en soi, pour soi et pour d’autres, du retournement de la conscience sous l’effet de la vie du Souffle, lieu dit du « Toucher de l’esprit, voire de l’Esprit ». Faut-il mettre une majuscule à « toucher de l’esprit »? Toucher de l’Esprit ?  Avec une majuscule,  nous pouvons goûter dans la diversité de nos traditions, la présence vivifiante des Semences de la Parole éternellement efficace de celui qui est la Racine du Souffle de tout ce qui est,  qui nous invite à participer à sa vie, quelle que soit notre confession : le questionnement divin adressé à chaque être humain, chaque peuple, chaque religion,  chaque philosophie. A toutes et à tous mais dans des conditions singulières et complexes, il est offert de goûter à la vertu transformatrice de la Parole : par exemple comme la Parole est à  l’œuvre dans la Tora ; autre exemple comme la Parole de Jésus-Christ, Verbe incarné vivant parmi nous aujourd’hui  – vrai Dieu et vrai Homme pour les chrétiens – ; autre exemple, comme le rappel prophétique lisible dans le Coran, à propos de la vocation d’Adam dont nous sommes tous issus, vocation à accueillir la « Lumière sur lumière » du cœur dans la « niche » qu’est le corps  (Coran, 24,35) ; et autre exemple, avec la passivité requise pour que la Parole fasse son travail en nous dans la Vacuité bouddhique.

 

COMMENT LA VOIE DES ARTISANS DE PAIX PARTICIPE-T-ELLE A UNE DILATATION/CONTRACTION DU SOUFFLE CHEZ L’HOMME  ET LA FEMME  DEVANT  DIEU, EN REPONSE A LA DILATATION/CONTRACTION DU SOUFFLE DE DIEU EN CHAQUE ETRE HUMAIN QUI Y CONSENT ET PAR LA DANS TOUTE LA CREATION ?

Dieu est en l’homme et en la femme par le souffle mis en chacun, mais l’être humain  est-il en Dieu ? « Mon âme est inquiète jusqu’à ce qu’elle repose en Dieu » dit st Augustin. Le repos de l’âme en Dieu est aussi la finalité pour les Artisans de Paix parce que ce repos est la condition de la Paix. Mourir à soi-même avant de mourir biologiquement (expression présente dans toutes les traditions) est le chemin de ce repos. Ceci passe par un ébranlement très concret dont témoigne Job 42, 5-6 : « Je ne te connaissais que par ouï-dire. Maintenant, mes yeux t’ont vu. Aussi, j’ai horreur de moi et je me désavoue sur la poussière et sur la cendre ». Cet ébranlement est-il le retournement des puissances se réorientant vers la reconnaissance du tout autre qui est la paix ?

Nous nous rappellerons que l’histoire sainte de chacune de nos traditions peut se perpétuer  en chacun de nous. A l’image de la présence divine du Souffle qui dilate et se contracte, l’histoire sainte « s’enroule autour de l’heure unique donnée à chacun ». L’image de l’enroulement est de Paul Beauchamp sj (L’un et l’autre testament, tome 1, p.9). L’exemple-type de cet enroulement en chacun, est l’expérience que fit Saül de Tarse sur le chemin de Damas. Le fruit de cette heure est de « dire sans condamner ». Si nous lisons les Ecritures Saintes avec la passivité consentie requise pour les entendre, « les images comme les textes  tournent déjà la violence vers son contraire, du seul fait de dire vrai » (Op. cit., p.9 – souligné par nous). Le don de la paix  et le don de la confiance en Dieu malgré les tribulations passagères nous rapprochent de l’authenticité de la lecture quand chacun lit, déclame et médite les Ecritures de sa propre tradition. Ces dons sont des gages de la sainteté de ces différentes Ecritures, elles qui  enseignent sur les rapports complexes entre justice et paix.

 

Documents :

Cycle 2014 – Champ et méthode, l’hypothèse du corps de l’Homme un et pluriel où se fait l’expérience de l’engendrement de la Parole par la vie du Souffle

Champ et méthode de la séance 10

Les états de l’Etre-Conscience dans l’Islam – Shaykh Amanoullah De Vos (2 mars 2014)

 

Transcendance et immanence (Yitro) - Yeshaya Dalsace, rabbin de la communauté massorti - janvier 2010

 

Peuple élu, mais pas supérieur - David Saada, écrivain - novembre 2012

 

Pekoudei : servir Dieu avec son corps - Shaul-David Botschko, rabbin - février 2014

 

Lire également : Guérison intérieure

Lire également : Le Château Intérieur des Artisans de Paix

 

 

Photos

 

Séminaire du 2 mars 2014Séminaire du 2 mars 2014

 

Video

L'expérience du retournement de la conscience par la vie du Souffle (4h03) : Paula Kasparian, Dan Arbib, Philippe de Vos, Claire Garnier, Jean-Paul Durand op

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