Intelligence du Souffle des Artisans de Paix. Inaugurations théologiques


Séminaire spécialisé de recherche AIDOP / Artisans de Paix : Spiritualité de l’Interreligieux pour la Paix. Direction Paula Kasparian (programme N°4 d’AIDOP : «Pardon réconciliation, justice»), sur INSCRIPTION et homologation nécessaires.
Avec Dr Paula Kasparian, Rabbin Gabriel Hagaï, Sr Michèle Jarton, M. Tarik Abou Nour, M. Marc Tardieu, écrivain.
9ème séance.


Date : 24/11/2013
Heure : 15:00 - 20:00
Lieu : Couvent St-Jacques - Salle Sertillanges
Adresse : 18, rue des Tanneries 75013 Paris



Séminaire spécialisé de recherche AIDOP / Artisans de Paix : Spiritualité de l’interreligieux, comment en rendre compte au service de la paix ?

Direction Paula Kasparian (programme N°4 d’AIDOP : «Pardon réconciliation, justice»), sur INSCRIPTION et homologation nécessaires.

Il s’agit, en séminaire universitaire interculturel et interreligieux, de favoriser une rencontre suivie entre mystiques et éthiques en matière de polémologie, dimensions rémanentes.

Contexte d’organisation :

Proposition d’AIDOP en coopération avec Artisans de Paix :
Séminaire spécialisé AIDOP “Spiritualité de l’interreligieux”,
dans le cadre du Pôle “Dialogue interreligieux”, dirigé par M. Pierre Barçon, Ancien Haut fonctionnaire français,
dans le cadre du Programme 4 de recherche et de formation d’AIDOP : “Pardon, réconciliation, justice”,
programme dont le Directeur exécutif est le Pr Emmanuel Tawil (Professeur à l’Institut catholique de Paris et Maître de Conférence à l’Université Panthéon Assas Paris II),
Chargée de mission AIDOP pour le suivi de ce programme 4, Mme Paula Kasparian, Présidente d’Artisans de Paix.

L’INSCRIPTION PREALABLE au séminaire est obligatoire :
> soit auprès d’AIDOP (email : commission@aidop.org ou tel : 00 33(0)6 08 58 72 93),
> soit auprès d’Artisans de Paix (email : paula.kasparian@artisans-de-paix.org ou tel 06 77 09 91 51) pour les seuls membres de ce mouvement (à jour de leur cotisation pour l’année civile en cours).

Merci aux personnes inscrites mais dans l’impossibilité de venir de le signaler suffisamment tôt pour permettre l’inscription d’autres personnes.

 

Fondements

« L’interreligieux, le nom est commun mais la chose est rare » dit un jour Pr Mgr Guy-Réal Thivierge au cours d’un entretien. Sans doute la « Spiritualité de l’Interreligieux » est-elle une chose encore plus rare et plus grave parce qu’elle est devenue une nécessité vitale pour la paix !
 
C’est pourquoi nous parlons à son égard de carrefour entre la nécessité et la grâce.
Nous chercherons ce carrefour à la frontière des puissances en présence et de ce que les puissances ne peuvent se donner à elles-mêmes : la paix toujours à accueillir, fût-ce entre les religions, les cultures ou les nations.
 
Ce séminaire se situe d’emblée dans la méthode de réflexion éthique d’AIDOP : Faire question en faisant part de l’existant.
 
L’existant en l’occurrence est cette rencontre en plusieurs séances de séminaire AIDOP sur les engagements des Artisans de Paix, dont la vocation est de « Demeurer à la Racine du Souffle », en dialogue avec les méthodes en sciences, avec les attitudes vécues et relues en traditions religieuses, en étant vigilants sur les engagements entre nations, d’où peut émerger la paix avec toujours plus de justice.
 
Qu’est-ce donc que « Demeurer à la Racine du Souffle » ?
« Prier c’est reconduire son souffle à la Source » dit Jacques Vidal à l’occasion d’une retraite qu’il conduisit, dans l’esprit d’Assise au Carmel d’Avignon, peu de temps avant sa mort en 1987.
C’est remonter de la manifestation jusqu’au point de naissance du souffle où jaillit la conscience, là où très exactement se fonde l’agir moral dans l’axe de nous-mêmes, affirmant notre liberté sur le biologique et le psychique qui pourraient nous tenir captifs de leurs balancements.
 
C’est de ce retour à la Source de la conscience, voire du cosmos, que peut émerger la « Spiritualité de l’Interreligieux » dont il est question ici.
 
Cette innovation de l’attitude se donne à goûter et à sentir intérieurement, à voir et entendre, et même à toucher, comme en témoigne la pratique des Artisans de Paix. Cette innovation structure ce séminaire qui fera la part belle au débat.
 
L’expérience de cette innovation concerne l’être tout entier des Artisans de Paix. Elle est un risque pour chacun, de se perdre dans la confusion du « trans » que celui-ci soit -disciplinaire, -religieux, -national, -sexuel ou -humain. Mais elle est aussi une chance pour chacun et pour tous, de s’unir dans la clarté et la distinction de « l’inter- ». Elle requiert donc une vigilance extrême que ce séminaire a pour vocation d’exercer du point de vue de l’écoute et du débat éthique.
 
Aux carrefours du possible, du réel et du nécessaire, nous tenterons d’évoquer notre recherche de la grâce avec la diversité de ses figures.

D’une façon non voulue et non sue au départ, les Artisans de Paix se trouvent par pur événement gracieux, en communion avec le Testament spirituel de Jacques VIDAL. Ce Testament fait reposer le ternaire du Dialogue interreligieux du Salut, du Sens et de l’Action, sur la base du premier, selon J. Vidal. Le Dialogue du Salut s’opère de manière spécifique dans la prière. L’entrée en prière n’ampute aucunement  les autres tâches du sens et de l’action, elle leur donne leur effectivité. Le dialogue dans la prière est un dialogue du salut qui ne s’achève que lorsque la Réalité (Dieu pour certains) choisit de combler la prière. Ce dialogue du salut est un laboratoire des transfigurations de notre désir et par là même, peut concerner le monde. Il  constitue la base sur laquelle les Artisans de Paix sont invités à se donner le temps pour se poser, réfléchir  et agir.  Les hommes et les femmes – et ceux et celles qui sont religieux(ses) – , les scientifiques, les artistes et les responsables politiques qui le veulent bien, en se rassemblant pour prier chacun selon son génie propre et celui de ses traditions spécifiques, manifestent au monde visiblement, ce qui est une réalité invisible vivante, à savoir qu’ils se préparent à célébrer une forme d’alliance qui sera une expérience d’unité. La Réalité Ultime que certains appellent Dieu, parle dans l’univers, parfois sans bruit de mots, secrètement au fond du cœur, au point de naissance du souffle, avec un principe de lumière qui éclaire l’âme.

Rappels

Ouverture méthodologique (séance 1 : le 3 juin 2012)

Notre réflexion sur les conditions d’émergence d’une Spiritualité de l’Interreligieux pour la Paix fait écho à la proposition de Jacques Maritain : « Distinguer pour unir », en la renversant. Car notre expérience, c’est que l’union différencie jusqu’à faire paraître une altérité radicale entre l’homme et la femme, Dieu et l’homme, mais aussi entre les traditions religieuses qui sont d’autant plus distinctes les unes des autres, qu’elles sont signifiantes les unes pour les autres et en définitive, chacune à sa façon, figures de l’Unité des enfants de Dieu dispersés.

Il s’ensuit que nous sommes chacun de nous et chacune de nos traditions en soi, Semences du Verbe  qui nous unit en nous différenciant pour soi / pour autrui.

Le symbole masculin / féminin dit les noces du Ciel et de la Terre, qu’annonce le Cantique des cantiques, dont naissent nos Fraternités. Une table ronde masculine a illustré symboliquement ces Semences du Verbe, tandis qu’une table ronde féminine a orienté notre attention sur l’importance de la Femme, pour passer de la Possibilité à la Réalité des Temps Messianiques, ceux-ci étant actuels dès lors que notre horizon d’Avenir est au Présent comme au Jour de la Révélation Sinaïtique ou au Jour de l’Apocalypse de Jean.

L’Epouse appelle l’Epoux, et celui-ci vient, ouvrant l’Avenir de nos Fraternités. Cet Avenir qui vient, nous ouvre à l’Aujourd’hui de Dieu, avec la Révélation du Nom imprononçable au Sinaï, le Tétragramme signifiant « Je suis qui je serai ». Il se perpétue avec l’écoute de la Voix du Silence Fin à laquelle nous initie Elie. Il s’accomplit avec l’espace-temps que nous révèlent les Récits Evangéliques de la Transfiguration où Moïse, Jésus et Elie apparaissent aux yeux de Pierre, Jacques et Jean, comme contemporains les uns des autres, même s’ils sont venus au monde à des siècles différents. Le temps de la Transfiguration est autre que celui que mesurent les horloges. L’espace-temps de la Transfiguration est celui des noces de la terre et du ciel qui rendent les Artisans de Paix contemporains les uns des autres.

C’est cet espace-temps que nous aurons à vivre et à penser dans ce séminaire. Aux Carrefours de la Nécessité et de la Grâce, une Epistémologie du Vivant Ouvre un Avenir au monde appelé à une transfiguration.

Emergence d’une Spiritualité de l’Interreligieux pour la Paix sur la base de la Vie du Souffle (séance2 : le 7 octobre 2012, séance 3 : le 27 janvier 2013, séance 4 : le 24 février 2013), avec Venue au monde de Fraternités Artisans de Paix (séance 5 : le 26 mai 2013)

Lors de l’événement d’Assise, le 26 octobre 1986, à 16h30, sous un ciel noir, SS Jean-Paul II dit : «Christus Pax nostri» (Le Christ est notre Paix). Puis : « Avec les religions du monde, nous partageons un profond respect de la conscience et l’obéissance à la conscience ». Ce qui signifie que nous devons chercher à mieux communiquer entre différentes religions en approfondissant la question de la conscience.

S’engager dans la Voie des Artisans de Paix,  c’est vivre de l’Appel à « Demeurer à la Racine de la conscience » c’est-à-dire « à la Racine du Souffle » (Proverbes 20,27), quelle que soit la confession des uns et des autres, aux carrefours de la nécessité et de la grâce, des puissances en présence et de ce que les puissances ne peuvent se donner seules à elles-mêmes : la Paix (séance 2 : 7 octobre 2012). C’est vivre de cet Appel, en faisant Offrande du Souffle (séance 3 : 27 janvier 2013), devenant ainsi ce que nous sommes en vérité : corps Livrés, s’engageant dans une voie de libération, d’humanisation, ou (et) de sanctification, en s’appuyant les uns sur les autres, avec la diversité des traditions religieuses représentées parmi nous. (séance 4 : 24 février 2013).  Alors viennent au jour les Fraternités Artisans de Paix à vivre et à penser (séance 5 : 26 mai 2013).

La respiration comprend quatre moments : un temps à vide et un temps à plein aux deux extrémités du Souffle, avec entre deux, l’inspiration et l’expiration, tant que nous demeurons vivants. Nous prenons conscience de la Racine du Souffle, lorsque dans le temps à vide du souffle, nous réalisons que notre vie est suspendue à un souffle que nous ne nous donnons pas nous-mêmes. Comment demeurer à la Racine du Souffle à chaque instant de la respiration, sinon en perpétuant le don qui nous maintient suspendus à la Racine du Souffle à chaque instant? Pour « Demeurer à la Racine du Souffle», ne faut-il pas que l’humain Demeure dans l’Offrande du Souffle qu’il reçoit à chaque instant? « Demeurer dans l’Offrande du Souffle » est la seconde qualité du Souffle primordial à explorer (27 janvier 2013). « Devenir Corps Livré » en est la troisième, avec laquelle se révèle ce que nous sommes en vérité (24 février 2013).

Les Fraternités Artisans de Paix constituent le Monastère invisible des Artisans de Paix dont l’itinérance est symbolisée par leur Logo : le Labyrinthe de la Cathédrale de  Chartres. Il est avant tout un Chemin de l’Ame en quête de son Centre, l’Intériorité que les prophètes et les mystiques de toutes les traditions rencontrent comme une Présence « plus intérieure à soi-même que soi-même, plus extérieure que toute extériorité » (saint Augustin, 354-430). Cette « Présence » nous donne à vivre et à penser une « voie d’humanisation et de socialisation croissantes » pour tous (séance 5 : 26 mai 2013).

Pour sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591), tous deux réformateurs du Carmel en Espagne, mais aussi pour Al Ghazali (1058-1111, théologien soufi perse) et Ibn Arabi (1165-1240, théologien juriste, poète, métaphysicien, maître soufi arabe andalous du taçawuff, considéré comme le « sceau de la sainteté » en Islam), ainsi que pour Bahya Ibn Paquda (mystique juif du 11ème siècle) et pour les prophètes du Premier Testament,  Dieu est Intériorité, mais il y a plus d’Intériorité dans l’extériorité que dans l’intériorité pure (une « intériorité pure » est une « intériorité qui ne serait qu’intérieure ») : c’est que l’Intériorité en question transcende les religions et les personnes de l’intérieur d’elles-mêmes, ouvrant pour chacun(e) qui la suit, un chemin de sortie de soi, surabondant de vie en soi, pour soi et pour les autres.

Notre désir ultime est comme l’amour, rythmé par la vie du souffle et s’exprimant dans la germination. Il interroge toutes les sagesses et toutes les religions. Ainsi dans la sagesse grecque, les ailes d’Icare fondent lorsqu’elles approchent du soleil et Icare tombe… Telle est l’histoire du désir lorsqu’il se donne un objet qui n’est pas celui d’être. S’ouvrir à l’être, c’est quitter le monde pour s’enraciner au plus profond de la terre dans le dynamisme de la germination et réaliser le rêve d’Icare en laissant la semence attirée par la lumière monter jusqu’aux cieux… C’est l’envol des artisans de paix que nous expérimentons ainsi : suspendre le cours saisonnier du temps (selon certains, le cours cyclique) pour demeurer à la Racine du Souffle, dans l’inédit, ce qui se dit dans l’intime de la contemplation et que notre bouche n’a pas encore prononcé.

C’est au choix de la vie que nous conduisent toutes les « Fraternités  Artisans de Paix» qui, à l’heure actuelle comprennent des membres des religions suivantes : le Judaïsme, le Christianisme, l’Islam, le Bouddhisme. Nous contemplons ainsi différentes aspirations à la vie : la Bouddhique, l’Islamique, l’Eucharistique, la Toraïque.

Chacune véhicule un message essentiel dont elle n’est pas propriétaire : il est pour l’humanité tout entière. C’est pourquoi en nous appuyant les uns sur les autres, avec la diversité des Fraternités représentées parmi nous, nous pouvons explorer les demeures spirituelles de la « Cité de Paix». Nous  en avons exploré sept, qui nous ont été  données le samedi saint du 3 avril 2010, et qui ont été partagées par la suite, au cours du 1er séminaire inter-spirituel des Artisans de Paix en 2010-2011. Ce partage a structuré le programme du 1er pèlerinage interreligieux des Artisans de Paix à Jérusalem, en 2012.

C’est un « désir d’être » qui nous fait entrer dans la « Cité de Paix » (1ère demeure).

Pour demeurer dans la « Cité de Paix», il nous faut engager un « combat » (2nde demeure). Ce combat se pratique diversement. Néanmoins en tant qu’Artisans de Paix, nous avons mis en commun trois principes de raison qui participent de notre éthique du combat pour la paix : questionner l’origine et la finalité de nos vies, vivre à la frontière de soi-même et d’autrui, occuper chacun la place unique qui est la sienne.

Les désirs d’être se réalisent comme désir sans objet, ardeur ou « illumination » (3ème demeure) avec l’extinction de la convoitise, de la haine et de l’ignorance. Cette extinction advient toujours par  grâce, sous l’effet du dynamisme du Souffle. Celui-ci est l’objet paradoxal de la recherche méthodique de la Fraternité Bouddhique des Artisans de Paix.

Le désir sans objet s’exprime par l’image de l’océan que l’on rencontre aussi dans la Fraternité Islamique qu’expérimente tout artisan de paix lorsqu’il s’en remet effectivement à la Réalité Ultime (Dieu pour certains) dans la paix. L’océan dit d’une manière imagée la force respiratoire qui soulève le cœur de l’homme et le reprend, à la façon d’une vague. Avancer sur la crête de la vague est la fine pointe du Tao qui recueille les trois qualités du Souffle primordial. Recueillir ces trois qualités donne à l’humain une Loi pour vivre du Souffle de l’Eternel dans la finitude (4ème demeure).

Incarner cette fine pointe dans la distinction des personnes  réalise l’état adulte de l’humain qui devient capable de « vouloir » sans acte volontariste, par adhésion à ce qui apparaît comme une « élection » (5ème demeure). Le « Me voici » des prophètes et le « Qu’il me soit fait selon ta parole » de Marie en sont des exemples type. Ils accomplissent notamment la Fraternité Toraïque des Artisans de Paix qui, elle aussi, n’est la propriété de personne.

Cette incarnation du Souffle primordial dans la distinction des Personnes s’accomplit d’une façon spécifique dans l’expérience dite des « fiançailles spirituelles » (6ème demeure) : en christianisme, le cœur transpercé de Jésus dont jaillissent l’eau et le sang, irrigue le cœur brisé de Marie en qui s’irradie la paix. Ensemble, le cœur de Jésus et le cœur de Marie disent la vocation de la Fraternité Eucharistique des Artisans de Paix, qui n’est la propriété de personne : l’ « inhabitation » dit cette vocation où, chacun est dans soi en étant hors de soi (expérience très concrète de la vie interpersonnelle qui se donne littéralement à « goûter » dans la vie eucharistique); « soleil rayonnant » qui ne se couche jamais, lumière qui ne se cache pas, lumière de la Sainteté qui éclaire non seulement tous les hommes en deçà et au-delà des frontières qu’ils ne cessent de construire, mais encore le cosmos tout entier.

Incarner cette fine pointe dans une « concorde » entre les peuples de la Terre, est la vocation de tous les Artisans de Paix et l’œuvre d’aucun, puisqu’elle ne peut être que l’œuvre de Dieu: cette vocation est la plus difficile de toutes parce qu’elle suppose une coopération entre les peuples en tant que tels. Nous sommes très loin de cette réalisation, puisque nous sommes complices des injustices que nous ne dénonçons pas.

Si nous n’arrêtons pas la vie du désir rythmée par celle du souffle, elle nous conduit de nouveauté en nouveauté où toujours demeure la Révélation une et plurielle, à l’expérience du Corps livré où chacun donne sa vie pour un monde nouveau. Car la vocation des artisans de paix est la fraternité des serviteurs de Dieu dispersés; leur désir  est l’ardeur avec laquelle  tous se rencontrent avec cohérence et respect, soutenus par la figure du serviteur; corps livrés pour un monde nouveau, sans accaparement aucun. Ce dont nos Fraternités Artisans de Paix sont une image bien imparfaite certes, mais une image tout de même. Saint Jean de la Croix parle de la vive flamme d’amour. Nous serons jugés sur ce désir (7ème demeure).

Emergence d’une Théologie, d’une Anthropologie et d’une Epistémologie des Artisans de Paix

Les théologies de l’interreligieux en phase avec cette expérience qui fait la beauté des Fraternités Artisans de Paix, ne peuvent être ni exclusives (puisque notre chemin est l’Intériorité, loin des théologies du mépris ou d’une supériorité quelconque d’une tradition par rapport à d’autres), ni inclusives (puisque l’Intériorité est un chemin de sortie de soi, manifestant la transcendance au cœur de l’immanence, loin des théologies du relativisme religieux) (séance 6 : le 23 juin 2012).

Si nous continuons sur le chemin de la vie du Souffle qui caractérise la Voie des Artisans de Paix, « circumincession » et « inhabitation » sont les premiers mots qui se réfléchissent dans l’esprit de l’humain pour dire cette expérience du Souffle dans le corps de l’homme, lorsque celui-ci garde son « souffle au milieu », entre l’intériorité pure (l’ absorption, « en-stase ») et l’extérioration pure et simple (la sortie de soi, « ex-stase »). Avec cette expérience singulière, émerge le Souffle des Artisans de Paix.

Ces deux mots, loin d’être arbitraires,  exprimeraient-ils une expérience de l’Eternel, vécue ici et maintenant ? C’est vers cette hypothèse induite de notre expérience propre, que nous a conduits aussi la séance extraordinaire du Rabbin Chaïm Yehudah Gruber sur les lettres hébraïques et l’origine des langues (séance 7 : les 24-30 juin 2013). Cette hypothèse se vérifie dans notre expérience de groupe, s’agissant du choix des mots « circumincession » et « inhabitation » pour signifier l’émergence du Souffle des Artisans de Paix.

Cette émergence s’inscrit de fait, dans la ligne de l’événement du rassemblement d’Assise du 26 octobre 1986, dont l’appel avait été lancé par SS le Pape Jean-Paul II, le 25 janvier 1986, jour de la fête de la conversion de st Paul, apôtre des nations.

Sur la colline d’Assise, les hommes religieux et les scientifiques lorsqu’ils sont contemplatifs, se rassemblant pour prier chacun selon son génie propre et celui de sa tradition spécifique, manifestent au monde visiblement, ce qui est une réalité invisible vivante, à savoir qu’ils se préparent à célébrer une forme de confraternité qui sera une expérience de paix dans plus de justice.

La Réalité Ultime que certains appellent Dieu, parle dans l’univers sans bruit de mots, secrètement au fond du cœur (inhabitation), au point de naissance du souffle, avec un principe de lumière qui éclaire l’âme (circumincession) (20 octobre 2013).

Cette Réalité éternelle qui rend les Artisans de Paix, qui en vivent, contemporains les uns des autres, quels que soient le temps et le lieu de leur naissance, aurait-elle pu prendre corps si les conditions de sa réception n’avaient pas été rassemblées ?

L’événement d’Assise du 26 octobre 1986 aurait-il pu advenir si les mentalités ne s’y étaient pas préparées par les mutations épistémologiques du XXème siècle, notamment l’avènement de l’Epistémologie Génétique fondée par Jean Piaget, le père de la pensée systémique, au milieu exact du XXème siècle, en 1950 ?

Le paradigme de l’interdisciplinarité n’a-t-il pas préparé celui de l’interreligieux et de l’internationalité telle que les pratiquent les Artisans de Paix dans la perspective signifiée par le rassemblement d’Assise en 1986? Tout en maintenant la radicale distinction des genres de connaissances scientifiques et religieux, n’y-a-t-il pas avènement et événement pour les unes et les autres de l’horizon d’une Réalité qui rend possible l’interlocution des unes et des autres ?

C’est très précisément du statut de l’ouverture de la conscience,  dont nous parle l’Epistémologie Génétique (séance 8 : le 20 octobre 2013). Son objet est le retournement de la conscience derrière les représentations du monde, faisant paraître le lieu de leur surgissement (lieu de la Genèse de l’objet et  du sujet de la connaissance).  Ce lieu est celui de   l’interdépendance sujet / objet de la connaissance lors de leur genèse mais aussi le cercle des sciences, nous plongeant au cœur de la dynamique de leur engendrement. Il nous ouvre sur la pratique interdisciplinaire et aussi transdisciplinaire de l’abord d’un phénomène pour que celui-ci soit complet c’est-à-dire concret.

Tout en maintenant la radicale distinction des genres de connaissances scientifiques et religieux, n’y-a-t-il pas avènement et événement pour les unes et les autres de l’horizon d’un Réel voilé (le Noumène kantien) qui rend possible l’interlocution des unes et des autres ?

C’est une épistémologie transversale pour les sciences, fondée sur l’équilibration des « règles », des « valeurs » et des « signes » (Epistémologie des sciences de l’homme), susceptible d’apports pour l’exégèse (dialogues avec P.Beauchamp sj), la dogmatique (dialogues avec C. Théobald sj), l’interreligieux et le rapport entre les nations (mise en œuvre des Artisans de Paix). La « déconversion » de Piaget vis-à-vis de la religion et de la philosophie (cf. Sagesse et illusions de la philosophie) n’est-elle pas en fait une requête de vérification de l’une et de l’autre, au sens premier de « faire vraies » les expériences fondatrices, l’expérience corporelle de la donation du sujet à lui-même, aux autres et au monde, étant la référence principielle ?

 

L’Epistémologie Génétique n’est ni exclusive, ni inclusive. Elle nous permet d’échapper au relativisme des valeurs parce qu’elle n’est pas un relativisme pur et simple : la genèse et la croissance organique que l’Epistémologie Génétique réalise, sont l’expérience proposée à tous, comme le lieu d’effectuation de la véridiction au sens où celle-ci se fait vraie (se véri-fie) dans une histoire. Elle offre la possibilité d’expérimenter l’Effectivité de ce que Pierre Teilhard de Chardin appelle « Le Milieu divin » avec toutefois le risque que ce milieu apparaisse comme un élément neutre, tant que n’est pas faite l’expérience personnelle du Nom propre. Le sujet humain peut se perdre autant dans l’intériorité de l’auto-conscience (s’il est fasciné par le milieu divin) que dans l’extériorité de la conscience (s’il est fasciné par le milieu mondain). Pour persévérer dans l’être, il devra demeurer dans « l’équilibration majorante » : là où il y a engendrement de la conscience, sur la crête de la vague du souffle, en péril ou en suspens, reposant  là où nous sommes vraiment nous-mêmes, ni dehors / ni dedans, en tension vers la Racine du Souffle où s’expérimente un passage vivifiant entre mort et vie.

La méthode de décentration critique dite d’éclairage en retour, inaugurée par Jean Piaget est une alternative à la thèse du heurt des civilisations. En ces temps de tourmente où les religions sont perçues  comme ferments de haine et de violence irréductibles, tandis que les sciences conduisent à une uniformisation  contestée de la pensée, il est urgent de remonter aux sources du dialogue interreligieux, interdisciplinaire et  international. La mise en perspective de ces sources grâce à la méthode de décentration critique dite d’éclairage en retour inaugurée par Jean Piaget et mise en œuvre par les Artisans de Paix, revient à faire dialoguer des libertés individuelles et sociales (noms propres et cultures)  s’exprimant à travers des systèmes évolutifs (traditions), au lieu que ne s’affrontent des systèmes tenant lieu de sujets (idéologies). L’enjeu majeur pour nous, est de sortir des mécanismes de répétition de l’histoire, mortifères, en devenant responsables d’un monde nouveau en train de se faire.

Peut s’engager alors un combat pour la paix. Demeurer à la Racine du Souffle est un Combat de et pour la Liberté de la Conscience qui ne va pas de soi dans un monde où le jeu des puissances tend à l’annihiler. Faire offrande du Souffle est un Combat pour l’Egalité authentique qui est Partage et en aucun cas relativisme des valeurs, lequel est aujourd’hui l’essentiel de la crise culturelle qui est la crise majeure à la source des autres crises. Devenir corps Livré est un Combat pour la Fraternité authentique reniée tous les jours.

 

Documents :

Invitation / programme détaillé

Intelligence du souffle des Artisans de Paix : vision islamique – Tarik Abou Nour, novembre 2013

 

Video

Inaugurations théologiques (3h39) : Paula Kasparian, Michèle Jarton, Marc Tardieu, Jean-Paul Durand op, Rabbin Gabriel Hagaï

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