Lettre 46 - 1/8/2009

Été-automne 2009 de l’ère commune ; année 1430 de l’Hégire ; passage de l’année 5769 à l’année 5770 du calendrier juif. Jeûne et partage, reconnaissance des fautes, pardon et réconciliation, ouverture et accueil de l’autre, croyance en la résurrection et la vie éternelle: ces thèmes se retrouvent et sont rappelés dans les fêtes ces mois-ci des trois familles issues d’Abraham. Chacune de ces familles doit avoir à coeur de mieux connaître et d’aimer les traditions des deux autres : la participation réciproque à nos fêtes respectives nous permettra non seulement de mieux comprendre la foi de l’autre mais aussi d’approfondir la sienne.

Nous restons plongés dans une crise mondiale sans précédent depuis le deuxième conflit mondial dont nous évoquons le déclenchement il y a 70 ans, un 1er septembre, par la folie meurtrière d’un homme mais aussi de toute une idéologie fondée sur la suprématie d’un people (Volk) et la négation de l’homme créé à l’image de Dieu. Sans être aussi meurtrière que ce conflit, la crise qui nous frappe fait et fera encore d’innombrables victimes:  le chômage massif qui se développe entraine des pertes de revenus et par voie de conséquence, moins de tous ces biens matériels nécessaires à la vie: alimentation, logement, soins médicaux… Les guerres, les conflits armés et les attentats perdurent sur tous les continents et la crise économique et financière ne fait que les aggraver. Les institutions internationales (Nations Unies, Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Organisation Mondiale du Commerce…) et les nations du G20 sont en effet plus préoccupées par la sortie de crise et les mesures à prendre pour prévenir son retour    que par la résolution pacifique des conflits  qui secouent la planète et la prévention de ceux qui la menaceraient plus encore: le danger de prolifération de l’arme nucléaire. Menace encore plus grande et encore moins maîtrisable, le réchauffement climatique dû aux émissions excessives de gaz à effet de serre par toute l’humanité, qui pourrait rendre notre planète inhospitalière à nos arrière petits enfants.

Pour inquiétant que soit ce bilan des fléaux actuels et des catastrophes possibles, si l’on se reporte aux horreurs du conflit de 1939-45, à ses cinquante millions de morts et à ses centaines de millions d’autres victimes – blessés et infirmes, veuves et orphelins, personnes déplacées ou deportées…  on pourrait être tenté de se rassurer en disant que la situation actuelle n’atteint pas cette atrocité.

Ce serait simplement oublier que pour les victimes d’aujourd’hui en Irak ou en Afghanistan, au Darfur ou en Tchétchénie, au Vénezuela ou au Sri-Lanka, partout où il y a la violence et la mort,  ce sont leurs vie et celles de leurs enfants qui sont irrémédiablement sacrifiées. Pour tout croyant ceci est intolérable. “Aime Dieu et aime ton prochain comme toi-même”, telle est la Loi que nous, enfants d’Abraham, avons tous reçue. Cette loi est celle aussi qu’ont reçue nos frères et soeurs d’Asie, dans les traditions taoiste, confucéenne et bouddhiste. Elle est vraiment universelle et nous avons le devoir de le rappeler.

Nous avons aussi le devoir d’agir, partout où nous sommes, à la mesure de nos moyens. Autour de nous, soyons attentifs aux victimes de la crise et efforçons-nous de leur porter secours. Au-delà de nos frontières nous, Artisans de Paix avons une responsabilité particulière envers les habitants de cette région du monde où Abraham a vécu. La paix et la réconciliation entre Israéliens et Palestiniens est possible, avec la reconnaissance  de deux états dont les habitants vivront dans la paix, la sécurité et la prospérité. D’innombrables efforts sont déployés par des gouvernements, des associations et des individus pour y aboutir. Aujourd’hui il s’agit d’apporter notre appui à la création et au soutien d’une communauté comprenant des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans oeuvrant visiblement ensemble pour :

Accueillir des visiteurs de passage (tradition abrahamique de l’hospitalité) ;

Dispenser des soins (tradition abrahamique de l’aide et de l’assistance aux pauvres, aux malades, aux démunis) ;

Transmettre des savoirs : enseignement général, formations techniques et professionnelles dispensés aux jeunes et aux adultes (tradition abrahamique de l’éducation).

En  qualité “d’Artisans de Paix” nous serons appelés à y contribuer dès que ce projet prendra corps.

En attendant, nous vous rappelons que le cycle de conférences  2009-2010 de La Table des Artisans de Paix reprendra le jeudi 19 novembre. Un prochain courier vous précisera le lieu, l’heure et le nom des intervenants.

Et si vous n’avez pas encore réglé votre cotisation pour l’année, nous vous demandons amicalement de le faire dès que possible.

Bonne rentrée,

Edmond LISLE