Lettre 79 - 9/4/2022

A chacune et chacun je souhaite de s’imprégner de cette Paix qui qualifie le bon esprit et qui est un nom de Dieu dans toutes les traditions dites révélées, et de la rayonner dans un monde qui en a tant besoin… Les calendriers liturgiques sont là pour nous y aider.

Le 2 avril, nos amis musulmans sont entrés en Ramadan, un mois de jeûne et de prière pour se rapprocher de Dieu. Le 26 avril, Leilat al Qadr, la nuit du destin, ils célébreront la révélation du Coran au prophète Muhammad. A noter que le 21ème jour de Ramadan est une fête particulière pour les chiites qui commémorent le martyre d’Ali, gendre du prophète Muhammad et premier imam dans la tradition chiite. Que ces temps forts soient ferments de Paix dans le cœur des hommes et dans le monde.

Les Chrétiens, d’Orient et d’Occident, fêtent les Rameaux le 10 avril selon le calendrier grégorien et le 17 avril selon le calendrier julien. Commence ensuite la Semaine Sainte des chrétiens : le dernier repas du Christ (Jeudi Saint), sa Passion et sa mort (Vendredi Saint), puis sa Résurrection à Pâques avec le don de la Paix à l’humanité entière, pourvu qu’elle s’ouvre à la foi, l’espérance et l’amour. Cette année encore, l’alignement des planètes fait coïncider la Pâques chrétienne avec la Pâques juive.

Le 16 avril en effet, Pessah fête la libération des Hébreux de l’esclavage en Egypte. Les deux premiers soirs les juifs célèbrent le Seder (repas de Pâques), au cours duquel ils partagent des herbes amères (amertume de l’esclavage), des Matzot (pains azymes, symboles de la hâte du départ) et des coupes de vin (libération). Cette fête marque l’institution des Hébreux en tant que peuple avec le don de la Loi qui lui est fait et qui ouvre l’humanité à sa responsabilité devant Dieu et devant les hommes.

Et comme pour recueillir le fruit de ces fêtes, les Artisans de Paix sont invités par les Amis de Pierre Teilhard de Chardin à un colloque au Centre spirituel du Hautmont à Mouvaux, près de Lille, sur L’interreligieux avec Pierre Teilhard de Chardin. Ce qui nous invite à approfondir à nouveaux frais la relation entre science et foi.

Dans la même perspective que celle de Pierre Teilhard de Chardin qui retrouve la dimension de l’esprit au cœur de la matière, nous vous proposons de lire le dernier livre de notre amie Françoise Tibika, déléguée des Artisans de Paix à Jérusalem, Ticket pour les quantiques ou Introduction à l’Alchimie Moderne, présenté ainsi par l’éditeur : De nos jours la théorie quantique a détruit l’image que l’on se faisait de la matière. La science nous délivre ainsi d’une vision qui, depuis des siècles, nous séparait les uns des autres. L’auteure invite le lecteur à la suivre dans son exploration de la matière et de l’énergie qui l’anime au cœur de cette nouvelle physique. Cette exploration passe par trois voies : les lois de la thermodynamique ; celles de la théorie de l’information ; et la théorie quantique. Elle mène à des réflexions sur le libre arbitre, la conscience et le temps. Elle entraîne aussi notre attention sur nos émotions, leur nature étonnante et leur rôle crucial sur notre réalité. En parallèle à la révolution quantique qui détruit l’image de la matière, la révolution spirituelle, qui secoue l’occident depuis les débuts du siècle dernier, parle de la dissolution de l’ego. L’auteure pense que ces deux révolutions sont le reflet l’une de l’autre et que nous sommes à l’aube d’une transformation de l’homme et du monde à laquelle nous avons tous la possibilité sinon la responsabilité de participer. « Seul on va plus vite, mais ensemble on va bien plus loin »… Vous venez ? L’auteure précise que selon la tradition juive, l’ego représente tout ce qui empêche la Grâce divine de nous pénétrer. L’homme est imaginé comme un vase et son travail sur terre est de vider ce vase de son ego. Cependant, la dissolution de l’ego ne correspond pas à la destruction du vase, bien au contraire…

Puisons dans cet alignement des planètes qui fait coïncider les dates des temps forts de nos liturgies, ainsi que l’approfondissement de notre démarche en dialogue avec les teilhardiens de Lille et Françoise Tibika de Jérusalem, la force de discerner les esprits à l’œuvre dans notre corps propre et dans l’univers, afin d’accueillir la Paix dans toutes ses dimensions :

Réaliser en soi le silence du cœur, vidant celui-ci de tout sentiment d’orgueil, d’amertume et de jalousie, mais aussi le silence de la bouche et plus encore de l’esprit, le silence des yeux et du toucher pour  accueillir l’attention et l’écoute de la voix du silence fin.

Comme au Sinaï où l’homme voit des voix, devenir voyants de l’invisible ici et maintenant, jusque dans le bruit d’une porte, le chant des oiseaux, ce qui sort de la terre et cherche la lumière, les personnes qui s’adressent à nous.

Et dans l’émerveillement et la louange, participer à la Pâques que célèbrent catholiques, protestants et orthodoxes : celle du passage de la mort à la vie qui ne finit pas parce qu’elle demeure dans le passage, nous faisant advenir à notre humanité !

En toute fraternité, bonnes fêtes à toutes et à tous !

Paula Kasparian

Présidente des Artisans de Paix