Lettre 81 - 13/1/2023

Avec sa belle plume, Jean d’Ormesson nous met en garde contre ces deux tentations : « Nous sommes la proie depuis toujours de deux tentations symétriques et funestes : l’angélisme et le désespoir. La vie a toujours été et sera toujours une souffrance – et elle est un miracle : elle est une fête en larmes. »- C’était ainsi, Gallimard, Paris 2004.

Au cœur et au-delà de la guerre en Europe et ailleurs, au-delà des inquiétudes climatiques, économiques, sociales et politiques, demeure l’espérance du beau, vrai et bon chemin de confiance, de rencontres et de transfiguration des Artisans de Paix, qui contribue à rénover la face du monde, comme le dessine avec humour notre associé Marc Bouteleux, architecte.

La Paix du cœur… L’année 2022 s’est achevée avec le rappel à Dieu du Pape émérite Benoît XVI auquel nous devons beaucoup, sur notre chemin d’artisanat de la Paix. Penser et prier avec lui sera une aide pour enraciner la Paix au fin fond de notre cœur. En effet, il est le premier Pape qui a parlé de communion spirituelle devant une assemblée de catholiques, protestants, orthodoxes et musulmans, sans relativisme des valeurs et des traditions. Il en a parlé lors de sa dernière visite pastorale, le 14 septembre 2012 au Liban, confirmant ainsi de fait le chemin sur lequel les Artisans de Paix sont engagés depuis 2009 avec l’avènement des Fraternités Artisans de Paix, et plus encore depuis 2010 avec l’événement du don des Demeures spirituelles des Artisans de Paix. Son attention à éviter tout relativisme des valeurs et des religions nous a inspiré la ligne de crête des Artisans de Paix que vous trouverez en page d’accueil du site dans le document intitulé « Genèse, engagement et bulletin de cotisation 2023 ».

La Santé du corps… L’année 2023 s’est ouverte avec une journée mariale nous sollicitant à prier pour la Paix. Ce qui suppose la Santé du corps. En quel sens ? Marie retenait les événements dans son cœur et méditait le don de Dieu en eux, que les événements soient heureux ou malheureux. Si nous suivons ce chemin, nous devenons témoins que tout concourt au Bien de celles et ceux qui aiment Dieu. C’est ce Bien que je nous souhaite : cette Santé du corps qui consiste à retenir et méditer les événements de notre vie personnelle, familiale et sociale, y discerner la trace de Dieu qui nous touche et nous interpelle ici et maintenant, confiants que le Seigneur ne s’absente jamais de notre existence. Comme il est écrit dans le psaume 120 : « Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël. Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur ton ombrage, se tient près de toi. Le soleil, durant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune durant la nuit. Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais. »

La Joie de l’âme… Les rendez-vous de chaque année commencent pour les Artisans de Paix par une célébration au cours de laquelle les personnes en présence peuvent goûter et sentir la Joie de l’âme à laquelle nous sommes tous invités en tant qu’Artisans de Paix : dans la suite de l’hospitalité divine qui s’invite elle-même chez Abraham sous des formes qui lui sont inconnues, cette hospitalité, où des catholiques d’Artisans de Paix et le célébrant invitent des amis d’autres traditions religieuses, est un signe de la marche des Artisans de Paix vers la Jérusalem céleste où chacun est appelé à être bénédiction pour autrui. Nous poserons des gestes qui le signifient. Venez et voyez.

En cadeau de nouvel an, je partage ci-dessous avec vous une image de Marie qui conserve les événements dans son cœur, que nous a envoyée frère Philippe Hugelé ocd, ainsi que des vœux du poète Jean Debruynne.

Bien à vous, en toute fraternité,
Paula Kasparian, Présidente des Artisans de Paix

« …Je te souhaite de vivre autrement que les gens arrivés. … Je te souhaite de vivre sans te laisser acheter par l’argent. Je te souhaite de vivre debout et habité… Je te souhaite de vivre sans titre, sans étiquette, sans distinction, ne portant d’autre nom que l’humain. Je te souhaite de vivre sans que tu aies rendu quelqu’un victime de toi-même. Je te souhaite de vivre sans suspecter ni condamner, même du bout des lèvres…. Je te souhaite de vivre dans un monde où chacun aura le droit de devenir ton frère et de se faire ton prochain. Un monde où personne ne sera rejeté du droit à la parole, du droit d’apprendre à lire et savoir écrire… Je te souhaite de vivre dans un monde libre d’aller et venir, d’entrer et de sortir, libre de parler… Je te souhaite de parler non pour être écouté mais pour être compris. Je te souhaite de vivre l’inespéré… »

Jean DEBRUYNNE, J’ai rêvé d’un Galiléen, Desclée de Brouwer, Paris 2008