Notre logo, inspiré du Labyrinthe de la Cathédrale de Chartres, symbole du Pèlerinage Intérieur des Artisans de Paix


Si nous explorons le Labyrinthe, nous éprouvons qu’il y a un seul chemin, avec des personnes devant et derrière nous : ce qui exclut le relativisme des religions au profit d’une mise en relation entre personnes enracinées diversement.


Publié le 6/11/2012



L’Appel des Artisans de Paix

Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres intrigue nos contemporains. A quoi pouvait-il servir à nos ancêtres ? En se posant cette question, les hommes d’aujourd’hui commencent à entrer dans la voie voulue par les concepteurs du labyrinthe, son Mystère, à la frontière de la Grâce et des passions qui expriment les forces telluriques [1] qui traversent aujourd’hui l’humanité de tout temps. Vivre à cette frontière est l’Appel des Artisans de Paix, c’est pourquoi nous avons choisi le Labyrinthe de la Cathédrale de Chartres comme Logo, témoignant ainsi que le propre d’un Mystère n’est pas d’être incompréhensible mais d’être inépuisable [2], contemporain de chaque époque.

« Le Labyrinthe est connu par le grand public pour les forces telluriques en son centre. Ces forces n’ont jamais été prouvées par les appareils de la science actuelle, ce qui ne veut pas dire qu’elles n’existent pas, car certains ressentent quelque chose, qui ne sont ni illuminés, ni païens. Mais la richesse du labyrinthe est d’une toute autre nature » nous disent les guides commentateurs. Ce qui est certain, c’est que le symbole est universel. Témoins en sont les étymologies du mot « Labyrinthe ».

Le mot latin « laborintrus » comporte la racine « labor », travail, effort. Dans la même famille sémantique, « labrum » signifie le sillon ouvert par le « labrus ». Le « labrus » est une hache à double tranchant, qui a les mêmes effets que le Verbe créateur : elle sépare le bien du mal, le haut du bas, le spirituel du profane. En Genèse 1, Dieu crée en séparant par la Parole [3]. Dans la tradition hébraïque, le Saint est le « séparé ». Peut-être est-ce là qu’il faut chercher l’origine des « forces » signalées au centre du labyrinthe ! « Forces » telluriques de la terre éprouvées d’autant mieux qu’elles sont retournées par le Souffle d’En Haut, le Verbe créateur, et s’évacuent en Lui. Le labyrinthe serait dans ce cas un « nœud » qui réoriente toutes ces « forces » vers un lieu saint, le Verbe créateur en qui nous sommes appelés à nous ressourcer, chacun et ensemble, pour former un Peuple de peuples Artisans de Paix. Le « labrus » est l’instrument qui relie en distinguant le terrestre et le céleste, la chair et l’Esprit au sens où en parle saint Paul (Gal 5,19-26). Il produit des effets sismiques et thermiques d’autant plus sensibles que le travail de retournement est important. Il produit enfin dans le cosmos tout entier une transfiguration de la matière appelée à une nouvelle vie.

Une autre origine du nom serait « labra » qui désigne les « cavernes », les « galeries de mines » et « inthos » suffixe de racine pré-indo germanique signifiant les « jeux d’enfants ». Ainsi « labra-inthos », labyrinthe, désignerait « les jeux de la caverne ». Le labyrinthe serait alors un symbole du mythe platonicien de la « caverne », avec ses jeux d’ombres et de Lumière, le long du parcours qui conduit du profane au sacré, de l’opinion illusoire à la connaissance illuminée. Dans la « Cité de Dieu » saint Augustin synthétise ces deux origines du mot « laborinthus », le « labra » et le « labrus ».

 

A l’Ecole du Labyrinthe

En restant à l’école du Labyrinthe, les Artisans de Paix sont invités à visiter les cités terrestres sans jamais désespérer. Sujettes à évolution ou objets de révolutions, les cités requièrent toute notre vigilance. Les forces telluriques y sont à l’œuvre. Aux hommes de décider de leur orientation, vers plus ou moins de liberté, plus ou moins d’Intériorité.

Les labyrinthes existent dans le monde entier depuis des millénaires, comme les forces telluriques. Les plus anciens datent de 15.000 ans. Faits de cavernes et de carrières, ces lieux sous terre étaient des lieux initiatiques. L’homme, dans le monde entier, a conscience de la dégradation de son état sur terre par rapport à la mémoire archétypale qui est en lui. Pour les traditions de la Révélation, Adam et Eve sont les modèles archétypaux par où, tout a commencé. Nous cherchons à retrouver l’état adamique de pureté originelle, celui où Adam possédait la « Parole » c’est à dire la possibilité de créer en nommant comme le fait Dieu. Pour cela, nous cherchons à reconstruire sur terre une cité à la « ressemblance » de celle des cieux, nous cherchons à retrouver le Paradis perdu, la Parole perdue. Le nom choisi est Jérusalem car il symbolise le lieu de la venue du Messie sur terre.

Entrer dans « Jérusalem, Cité de Paix » est la finalité de l’Islam authentique, comme c’est la finalité du Judaïsme, de la Chrétienté et de toute vraie religion. Le pèlerinage dans la ville terrestre de Jérusalem est en fait un pèlerinage initiatique. Au Moyen Age, à l’époque des croisades et des conquêtes, des personnes désireuses d’aller à Jérusalem et qui n’en avaient pas les moyens, faisaient à genoux le parcours du Labyrinthe de la Cathédrale de Chartres. Elles étaient ainsi conduites d’un chemin conquérant vers une voie intérieure. Ce retournement est notre espérance dans les pays arabes mais aussi en Israël où les conditions de la paix ne seront rassemblées que lorsque seront trouvées celles d’un partage équitable de la terre. Il est notre espérance en Europe et sur tous les continents. Il illustre notre combat intérieur « ici et maintenant » : le « Grand Djihad » qui fonde la Fraternité islamique des Artisans de Paix, l’actualisation du « Grand Pardon » qui fonde la Fraternité Hébraïque et celle du « Samedi Saint » qui fonde la Fraternité Eucharistique des Artisans de Paix. Il nous a inspiré le choix du Logo des « Artisans de Paix en advenir ».

 

L’Inhabitation de l’âme

Le Labyrinthe est avant tout un Chemin de l’Ame en quête de son Centre, l’Intériorité que les prophètes et les mystiques de toutes les traditions rencontrent comme une Présence « plus intérieure à soi-même que soi-même, plus extérieure que toute extériorité » (saint Augustin, 354-430, sous la double égide du Christ et de Platon). Pour sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591), tous deux réformateurs du Carmel en Espagne, mais aussi pour Al Ghazali (1058-1111, théologien soufi perse) et Ibn Arabi (1165-1240, théologien juriste, poète, métaphysicien, maître soufi arabe andalous du taçawuff, considéré comme le « sceau de la sainteté » en Islam), ainsi que pour Bahya Ibn Paquda (mystique juif du 11ème siècle) et pour les prophètes du Premier Testament,  Dieu est Intériorité, mais « Il y a plus d’Intériorité dans l’Extériorité que dans l’Intériorité pure » (Bienheureux Henri Suso, 1295-1366, religieux catholique qui a répandu la mystique rhénane de Maître Eckart). C’est que l’Intériorité en question transcende les religions et les personnes de l’intérieur d’elles-mêmes, ouvrant pour chacun(e) qui la suit, un chemin de sortie de soi, surabondant de vie en soi, pour soi et pour les autres.

Si nous explorons le Labyrinthe de la Cathédrale de Chartres ne serait-ce qu’un moment, nous faisons l’expérience qu’il y a un seul chemin mais qu’il y a des personnes devant et derrière nous : ce qui exclue le relativisme des religions au profit d’une mise en relation entre les personnes. Nous vivons avec ceux qui nous entourent et sommes obligés de respecter leur rythme. Nous croisons des personnes qui vont en sens contraire du nôtre. Nous pouvons croire qu’elles vont dans le mauvais sens alors qu’elles sont peut-être plus avancées que nous dans le Labyrinthe. Le labyrinthe est une école de tolérance et d’humilité. Très vite on est près du centre, on croit qu’on va aboutir et au bout de 200 mètres de déroulé, on est sur le parcours le plus extérieur, on croit qu’on n’arrivera jamais ; c’est alors qu’on arrive au Centre, à la Jérusalem céleste, le lieu où l’on voit Dieu.

Paula Kasparian, Présidente des Artisans de Paix,
Artisans de Paix que nous espérons être,
Pèlerins en marche,
Artisans de Paix en advenir…

 

[1] Est tellurique, ce qui provient de la terre : une secousse sismique, une variation thermique etc…

[2] C’est comme cela que saint Augustin parlait du Mystère de la Trinité

[3] Tel est le sujet de la thèse de doctorat de l’exégète catholique Paul Beauchamp sj

 

Photo CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

 

 

Labirinto_

Animation Edgardo Ciravegna

 

En savoir plus : Le Labyrinthe de Chartres, enfin dévoilé ? (www.cathedrale-chartres.org)


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